Titres nommés à la quatrième édition du Prix Konishi pour la traduction de manga

Le Prix Konishi pour la traduction de manga japonais en français récompense la traduction d’un titre publié entre aout 2019 et septembre 2020.
Un premier jury composé de 19 grands lecteurs, lectrices, journalistes, libraires, a passé au peigne fin les manga, séries ou one-shot, publiés tout au cours de cette dernière année.
Voici les dix titres nommés à la quatrième édition du Prix Konishi pour la traduction de manga japonais en français. Nous espérons que cette sélection vous donnera au des envies de découverte, des idées de lecture, voir des idées de cadeaux de noël. Petit rappel, en cette période difficile, tous ces titres sont certainement disponibles chez votre libraire préferé au plus près de chez vous en click and collect.
L’annonce du lauréat 2021 s’effectuera durant l’édition virtuelle du Festival international de la Bande Dessinée d’Angoulême fin janvier 2021.

Édition 2021

Les nommés

TOKYO TARAREBA GIRLS

Lauréat Édition 2021

Titre : Tokyo Tarareba Girls
Titre japonais: 東京タラレバ娘
Auteur : Akiko Higashimura
Traductrice : Miyako Slocombe
Editeur : Le Lézard Noir
Genre : Josei
Nombre de volumes : 2

Résumé :
Rinko, scénariste de séries télévisées, est une trentenaire célibataire à la carrière professionnelle épanouie. Son petit plaisir consiste à passer des soirées alcoolisées avec ses deux copines Kaori et Koyuki, elles aussi trentenaires et célibataires. Un soir, alors qu’elles sont encore en train de se saouler et de se rassurer bruyamment à coup de « y a qu’à, faut qu’on » dans leur bar favori, elles sont interrompues par un jeune homme aux allures de mannequin. Agacé de les entendre brailler, il les ridiculise méchamment en les traitant de vieilles filles avant de quitter les lieux. Alors qu’elle pensait avoir encore tout son temps, Rinko réalise qu’il va falloir qu’elle se réveille si elle ne veut pas finir sa vie toute seule…

Commentaire du Premier Jury :
Chronique de mœurs humoristique autour d’une petite bande de citadines trentenaires et branchées, Tokyo Tarareba Girls témoigne de l’immense talent d’Akiko Higashimura dans ce registre, qui fait d’ailleurs écho à sa propre vie.
Ce manga posait plusieurs défis de traduction, à commencer par la densité du texte, extrêmement bavard, car les dialogues du tac-au-tac font une large partie de son intérêt. Avec un langage riche et ingénieux, dans un registre très marqué par l’oralité, Miyako Slocombe fournit une version française qui s’avère un régal d’un bout à l’autre. Elle excelle même dans cet exercice de marathonien de la traduction-adaptation, où la masse de texte doit absolument rester fluide et naturelle, tout en donnant une voix à chaque protagoniste du trio central.
Enfin, la version française ne commet pas l’erreur d’accentuer l’effet de proximité avec les lecteurs.trices en atténuant les caractéristiques culturelles. Au contraire, la traduction préserve toutes les subtilités des rapports sociaux au Japon, abondamment exploités par Higashimura au fil du scénario.
Laurent Lefèbvre (journaliste)

Commentaire de la traductrice :
La traduction de Tokyo Tarareba Girls m’a accompagnée au début du premier confinement, et c’était une joie de plonger chaque jour dans l’univers de ces trentenaires tokyoïtes déjantées. Les mangas humoristiques ne sont pas les plus faciles à traduire, et en plus cette série est truffée de références à la culture populaire japonaise. Mais j’apprécie tellement l’humour de cette autrice que je ne supportais pas l’idée que ses blagues puissent tomber à l’eau à cause de la traduction ! J’ai donc dû déployer des efforts d’imagination pour essayer d’adapter tout en veillant à respecter le ton, le rythme et la vivacité du récit. Malgré les difficultés, cette série me procure un tel plaisir en tant que lectrice et traductrice que je me réjouis à chaque fois de me confronter à un nouveau tome.
Miyako Slocombe

 

SHADOWS HOUSE

Nommé Édition 2021

Titre : Shadows House
Titre japonais: シャドーハウス
Auteur : So-ma-to
Traducteurs : Akiko Indei, Pierre Fernande
Editeur : Glénat
Genre : seinen
Nombre de volumes : 3

Résumé :
Emilico est une poupée vivante au service de Kate, une jeune fille appartenant aux Shadows, famille d’ombres sans visage. Dans le vaste manoir familial, le travail d’Emilico se limite pour le moment à nettoyer la suie projetée par sa maîtresse… Mais au fil des rencontres, elle découvrira le monde dans lequel elle vit, commencera à s’interroger sur le sens de son existence et se liera d’amitié avec son entourage… Cependant, une poupée doit-elle avoir une conscience ?

Commentaire du Premier Jury :
Shadows House est un joli conte macabre qui nous plonge, dès les premières pages, dans le quotidien d’une famille extraordinaire. Dans cette maison aux règles strictes, le duo de mangaka So-ma-to nous livre un univers riche d’interprétations, de mystères et d’envolées scénaristiques. Chaque porte est la promesse d’une révélation – et les dialogues retranscrivent avec préciosité l’élégance d’une esthétique victorienne claire obscure. Ici, tout se dit sans se dire – l’euphorie de la découverte, le mépris des concurrents, la frustration de n’être fait que de colère et de suie. Dès le premier tome, les bulles aident à cerner la complexité d’un monde qui ne se révèle qu’un peu au fil de ses chapitres – une pointe d’explications et une touche de secret – et la recette fonctionne à merveille.
Mickaël Brun-Arnaud (libraire)

Commentaire des traducteurs :
Avec Shadows House, nous avons découvert une série au scénario et au style graphique subtils. Dans cette histoire, les “ombres maîtres” sont dénuées de visage, un élément pourtant crucial chargé de transmettre les expressions et la personnalité des protagonistes. Comble de la dépersonnalisation, ces ombres parlent d’elles à la troisième personne.
Sur le plan de la traduction, respecter cette utilisation de la troisième personne est un véritable défi. Il s’agit de ne pas céder à l’habitude en laissant échapper un “je” malencontreux, tout en créant des phrases qui restent naturelles. Heureusement, la langue française offre des ressources insoupçonnées qui semblent servir l’œuvre bien plus que nous ne l’aurions cru quand nous avons commencé à travailler dessus.
Cet exemple ne fait qu’effleurer ce qu’est Shadows House : un univers innocent à première vue, qui surprend par sa richesse tandis qu’il se déploie au fil des épisodes. Mais nous n’en dirons pas plus afin de préserver votre plaisir de lecture !
Akiko Indei, Pierre Fernande

 

SPYxFAMILY

Nommé Édition 2021

Titre : SpyxFamily
Titre japonais: SpyxFamily
Auteur : Tatsuya Endo
Traductrices : Satoko Fujimoto, Nathalie Bougon-Bastide
Editeur : Kurokawa
Genre : shonen
Nombre de volumes : 2

Résumé :
Twilight, le plus grand espion du monde, doit pour sa nouvelle mission créer une famille de toutes pièces afin de pouvoir s’introduire dans la plus prestigieuse école de l’aristocratie. Totalement dépourvu d’expérience familiale, il va adopter une petite fille en ignorant qu’elle est télépathe, et s’associer à une jeune femme timide, sans se douter qu’elle est une redoutable tueuse à gages. Ce trio atypique va devoir composer pour passer inaperçu, tout en découvrant les vraies valeurs d’une famille unie et aimante.

Commentaire du Premier Jury :
Les mangas classés shônen n’accordent pas souvent une place centrale au texte. Ici, le texte ne sert pas à commenter l’action, mais à définir une ambiance et à enrichir l’histoire et les personnages, tous hauts en couleur et très précisément caractérisés. La traduction-adaptation de Satoko Fujimoto et Nathalie Bougon-Bastide est en tout point exemplaire : le récitatif emprunte un ton solennel de thriller d’espionnage politique, dont le sérieux (légèrement exagéré) participe à la drôlerie globale de l’œuvre ; tandis que chaque personnage (de premier plan ou secondaire) parle d’une voix unique, avec au final une vaste palette de niveaux de langage, de syntaxes et d’expressions idiomatiques qui définissent délicieusement leurs personnalités. Sa traduction-adaptation est d’une agilité et d’une énergie jubilatoires, avec un sens de l’à-propos jusque dans les moindres détails. Irrésistible !
Laurent Lefèbvre (journaliste)

Commentaire des traductrices :
La version originale de Spy x Family présente une riche palette d’expressions et de tons selon les personnages et les situations. Mon rôle est de transmettre à Nathalie les éléments clés des textes japonais. Elle adapte ensuite ma traduction avec audace et précision pour réaliser des répliques vivantes en français. Notre travail est basé sur une confiance mutuelle que nous avons gagnée au fil de notre collaboration de longue date et je m’en réjouis !
Satoko Fujimoto

En tant qu’adaptatrice, Spy x Family est le genre de série jouissive sur laquelle travailler, la traduction limpide et précise de Satoko et notre connivence m’octroyant une belle marge de manœuvre. Personnages hauts en couleurs, situations tendues et drôles, univers réaliste mâtiné de rebondissements improbables, font de ce manga un défi permanent, le contexte européen vu par un auteur japonais obligeant à quelques acrobaties culturelles et langagières !
Nathalie Bougon-Bastide

 

MOI AUSSI

Nommé Édition 2021

Titre : Moi aussi
Titre japonais: さけび
Autrice : Reiko Momochi
Traductrices : Yuki Kakiichi, Nathalie Bougon-Bastide
Editeur : Akata
Genre : shojo
Nombre de volumes : 2

Résumé :
Satsuki Yamaguchi travaille en intérim en tant qu’opératrice dans un service client téléphonique. Elle est aussi formatrice pour les nouveaux employés. Très investie dans son travail, elle devient malheureusement la cible du harcèlement sexuel d’un de ses supérieurs. Ce récidiviste notoire a jeté son dévolu sur Satsuki… Sombrant peu à peu dans la solitude et l’isolement, la jeune femme réussira-t-elle à briser la loi du silence ?

Commentaire du Premier Jury :
La thématique de Moi aussi est forte et malheureusement réelle puisque tirée du témoignage de Kaori Satô, l’une des premières femmes à avoir dénoncé publiquement au Japon le harcèlement sexuel au travail.
La traduction de Yuki Kakiichi et Nathalie Bougon-Bastide est excellente et le ton utilisé est très juste, mettant bien l’accent sur la gravité des faits dans les dialogues. Les émotions de la victime sont bien retranscrites (l’incompréhension, la peur, sa détresse psychologique…), nous vibrons par l’intensité de certaines répliques.
Sylvie Ameuw (Blogueuse manga)

Commentaire des traductrices :
Reiko Momochi est connue pour ses ouvrages militants qui met la lumière sur de nombreux problèmes sensibles rencontrés aussi par les adolescentes que par les femmes adultes. À la lecture de Moi aussi, j’ai été très touchée par l’histoire d’une femme courageuse qui se bat pour gagner la reconnaissance des dégâts causés par le harcèlement sexuel au travail (basée sur le fait réel). Avec Nathalie, pleine de ressources et d’inspiration, j’ai essayé de transmettre les émotions de chaque personnage le plus fidèlement possible.
Yuki Kakiichi

Moi aussi est un titre indispensable en ces temps de libération de la parole des victimes de harcèlement sexuel. On y découvre le silence imposé par le système, la culpabilisation vécue par les personnes harcelées et l’impunité des harceleurs dans une société machiste (n’ayons pas peur des mots). La traduction de Yuki, aussi juste et claire que sensible, m’a permis de donner du souffle à ce manga courageux et essentiel.
Nathalie Bougon-Bastide

 

LA JEUNESSE DE YOSHIO (ŒUVRES 1973-1974)

Nommé Édition 2021

Titre : La Jeunesse de Yoshio (œuvres 1973-1974)
Titre japonais: 義男の青春
Auteur : Yoshiharu Tsuge
Traducteur : Léopold Dahan
Editeur : Cornélius
Genre : seinen
Nombre de volumes : 1

Résumé :
En 1972, Yoshiharu Tsuge quitte Shigeru Mizuki, dont il était l’un des assistants depuis six ans, perdant son seul revenu régulier. Il cherche à nouveau des commandes. Mais il n’est pas question pour lui de se plier aux attentes des éditeurs et du marché. Il veut poursuivre sa quête de la juste écriture.
À 36 ans, Yoshiharu Tsuge entreprend une série d’histoires qui l’attirent inexorablement vers un dévoilement toujours plus grand de son intimité. Abordant frontalement la question autobiographique, il se tourne vers son passé et puise dans son enfance et son accession à l’âge adulte des récits dans lesquels son style ne cesse de surprendre et de se réinventer, insouciant de l’opinion des lecteurs.

Commentaire du Premier Jury :
Spécialiste du gekiga, des mangas d’auteurs et du magazine Garo, Léopold Dahan s’attèle à la traduction en langue française de l’anthologie que consacrent les éditions Cornélius à Yoshiharu Tsuge. Dans cet opus regroupant des histoires de plus de 45 ans, il démontre une nouvelle fois sa connaissance précieuse de l’art de Yoshiharu Tsuge en adaptant les œuvres majeures du mangaka et en les remettant dans le contexte de genèse et de leur époque. De sa diversité de ton, de thème, d’approche, de son évolution narrative et graphique, de son traitement unique en bande dessinée, de l’intrication de son œuvre à sa vie, Léopold Dahan arrive à rendre accessible ce qui représente une des briques indispensables à l’édification de la bande dessinée contemporaine.
Rémi Inghilterra (journaliste)

Commentaire du traducteur :
De tous les volumes de l’anthologie consacrée à Yoshiharu Tsuge, celui-ci est sans aucun doute celui que j’ai le plus apprécié traduire, comme si j’avais été contaminé par le plaisir, souvent palpable, que l’auteur a eu en dessinant ces nouvelles. Il s’est même révélé espiègle dans certains dialogues, et j’ai été invité à jouer avec une palette plus légère (parfois même plutôt fleurie) qu’à l’accoutumée. J’avoue m’être réjoui à restituer l’innocence grivoise d’À l’époque de la pension, ou les marivaudages désuets et plein de charme de l’histoire éponyme. Et si l’enthousiasme de l’auteur peut se communiquer ainsi au traducteur, alors j’espère de tout cœur qu’il le sera aussi aux lecteurs.
Léopold Dahan

 

GIRLS’ LAST TOUR

Nommé Édition 2021

Titre : Girls’ Last Tour
Titre japonais: 少女終末旅行
Auteur : Tsukumizu
Traducteur : Florent Gorges
Editeur : Omake Books
Genre : shonen
Nombre de volumes : 4

Résumé :
La civilisation s’est éteinte il y a déjà de nombreuses années. Le monde n’est plus que villes dévastées et machines inutiles. Chito et Yuri sont désormais seules et errent sans véritable but dans les décombres. Les deux jeunes filles ont grandi dans ce monde, sans savoir comment elles ont pu survivre par elles-mêmes. Aujourd’hui, elles déambulent sans vraiment comprendre tout ce qu’elles voient, à la recherche d’un toit et de nourriture. Leur périple dans ce monde sans vie est, pour elles, l’occasion de se poser de nombreuses questions sur l’existence et la vie que menaient leurs ancêtres, mais aussi sur le futur..

Commentaire du Premier Jury :
Le texte est à l’image du dessin : naïf en apparence, mais riche et maitrisé dans le fond. Ce n’était pas forcément évident, mais le mélange d’innocence et de cynisme des jeunes filles et le discret sous-texte philosophique sont efficacement rendu par la traduction.
Pa Ming Chiu (journaliste)

Commentaire du traducteur :
L’apparente simplicité littéraire d’un titre comme Girls’ Last Tour est contrebalancée par la candeur et la naïveté des deux héroïnes. Le monde qu’elles parcourent est dévasté, sans vie, sans couleur. Et préserver la poésie qui se dégage des dialogues des deux jeunes filles a représenté un certain challenge de traduction. Leurs remarques sont simples, innocentes, telles des questions d’enfants. Mais les réponses qui pourraient en découler ne le sont pas. Comme quoi, même en traduction, Léonard de Vinci avait raison : la simplicité est la sophistication suprême…
Florent Gorges

 

ARIA THE MASTERPIECE

Nommé Édition 2021

Titre : ARIA The Masterpiece
Titre japonais: ARIA 完全版
Auteur : Kozue Amano
Traductrice : Géraldine Oudin
Editeur : Ki-oon
Genre : shonen
Nombre de volumes : 5

Résumé :
Au XXIve siècle, la planète Mars a été terraformée sur le modèle de Venise. Elle abrite maintenant une magnifique cité bâtie sur les eaux, où les canaux jouent le rôle de routes et les bateliers celui de guides incontournables pour naviguer dans les méandres de cette ville au charme légendaire…
Akari, terrienne d’origine, réalise un rêve d’enfance quand elle débarque à Néo-Venise afin de commencer son apprentissage du métier d’ondine, qui fera d’elle une professionnelle de la gondole. Pour cela, elle entre chez ARIA, une société tenue par… un chat doué d’intelligence ! L’unique employée, la belle et douce Alicia, sera son mentor et sa protectrice dans ce monde dont Akari a tout à apprendre…

Commentaire du Premier Jury :
Entre la tranche de vie et l’épopée fantastique, ARIA est une douce rêverie écologique – et si l’on pouvait vivre sur une autre planète ? L’avenir de la Terre se trouve-t-il dans l’espace ? Grâce à ses personnages charismatiques, attachants, ses graphismes magnifiques et un univers poétique, ARIA est un pur instant de bonheur et de rafraîchissement, porté par une traduction élégante qui décrit, dépeint, questionne et émeut dans un univers sans cesse en découverte et en mouvement. Les bulles en disent beaucoup, mais sans jamais en dire trop ; et la lecture dégage un sentiment de légèreté qui subsiste encore et encore, même le livre refermé.
Mickaël Brun-Arnaud (libraire)

Commentaire de la traductrice :
Comme l’action se déroule dans une ville imaginaire calquée sur Venise, cette traduction m’a permis d’apprendre énormément de choses sur la cité lacustre, des règles de navigation aux traditions et légendes locales en passant par l’histoire du verre de Murano.
Mais ARIA, c’est avant tout un concentré d’énergie positive : certains chapitres sont drôles, d’autres contemplatifs, tous vous arracheront un sourire. Bref, c’est une petite bulle de bonne humeur comme nous en avons tous besoin par les temps qui courent. Ma principale mission a donc été de préserver au maximum cette ambiance particulière. Chaque ondine a une personnalité bien marquée – Alicia est douce, Akari fleur-bleue, Aika cache un petit cœur sensible sous ses grands airs – que je me suis efforcée de refléter en définissant un registre propre à chacune tout en procédant aux adaptations nécessaires pour ne pas lasser le lecteur et pour préserver le capital sympathie de nos héroïnes.
Géraldine Oudin

 

L’APPEL DE CTHULHU

Nommé Édition 2021

Titre : L’appel de Cthulhu
Titre japonais: クトゥルフの呼び声
Auteur : Gou Tanabe
Traducteur : Sylvain Chollet
Editeur : Ki-oon
Genre : seinen
Nombre de volumes : 1

Résumé :
Quand Francis Thurston hérite des possessions de son grand-oncle archéologue, il se retrouve lié à la tragique destinée du vieil homme… D’après ses papiers, le défunt scientifique enquêtait sur une religion étrange : le culte de Cthulhu. Une mystérieuse gravure représentant son dieu dépeint un monstre cauchemardesque ! Selon le journal laissé par le professeur, cette tablette est l’œuvre d’un artiste qui l’a créée en pleine nuit, alors qu’il était assailli de visions d’une cité fantastique habitée par une créature gigantesque.
Or, ce phénomène a eu lieu le lendemain d’un séisme d’une intensité inégalée, qui a affecté des hommes dans plusieurs contrées… Qu’est-ce qui a bien pu perturber ainsi l’équilibre du monde ? Intrigué par ces écrits, Francis reprend le flambeau et se lance sur la piste du culte, au cœur des ténèbres…

Commentaire du Premier Jury :
La traduction de Sylvain Chollet permet se réapproprier et de découvrir l’univers de Lovecraft et ainsi transcender le dessin. Par son approche ludique et variée, il met en valeur l’œuvre dans toute sa richesse fantastique.
Flavien Appavou (journaliste)

Commentaire du traducteur :
En tant qu’amateur de Lovecraft, je m’étais immédiatement jeté sur les impressionnantes adaptations de ses récits par Gou Tanabe dès le début de leur parution au Japon. C’est donc un véritable plaisir de traduire cette très belle collection qui occupe une place spéciale dans le catalogue des éditions Ki-oon, mais aussi dans les librairies où elle semble s’affranchir des limites du rayon manga pour toucher un public plus large.
L’œuvre de Lovecraft étant une référence majeure de la pop-culture actuelle, je m’attache à conserver du mieux possible les codes de cet univers pour ne trahir ni le maître de Providence, ni Gou Tanabe, ni les lecteurs, qu’ils soient déjà connaisseurs des textes lovecraftiens ou qu’ils s’initient à l’horreur cosmique grâce à cette magnifique série.
CTHULHU FHTAGN !!!
Sylvain Chollet

DR.STONE

Nommé Édition 2021

Titre : Dr.Stone
Titre japonais: Dr.Stone
Auteur : Boichi, Riichirô Inagaki
Traductrice : Karine Rupp-Stanko
Editeur : Glénat
Genre : shonen
Nombre de volumes : 13

Résumé :
Le destin de la Terre est bouleversé en une fraction de seconde : l’humanité entière se retrouve changée en pierre ! Des milliers d’années plus tard, Senku et Taiju, deux lycéens de Tokyo, se réveillent et décident de rebâtir la civilisation à partir de zéro.
Dr. Stone est un récit de survie prônant la science et l’évolution. Le talentueux scénariste Riichiro Inagaki s’allie au dessinateur d’exception Boichi pour nous offrir une aventure S.F. aux enjeux colossaux.

Commentaire du Premier Jury :
Il peut être difficile d’allier distraction et information. La traduction de Dr Stone ne tombe jamais dans cet écueil. Le mot qui pourrait la définir est « dosé » : drôle voir même un peu familière parfois, pointu et documenté les autres fois. Le ton de chaque personnage lui est propre ce qui rend la lecture très facile.
Florence Torta (Autrice)

Commentaire de la traductrice :
La lecture des premiers volumes de Dr. Stone m’a à la fois séduite en tant que lectrice et légèrement effrayée en tant que traductrice.
Tics de langage hilarants, dialogues déjantés, jeux de mots en cascade… tout cela promettait un travail de traduction créative intense, mais des plus plaisants.
Dr. Stone prône la persévérance, l’entraide, le recours au « système-d »… Les personnages ont foi en la science et en l’avenir…
Tout cela était « follement excitant », comme dirait le personnage principal de la série. Oui, mais…
Géologie, pétrochimie, astrophysique, mécanique… J’ai très vite compris que la traduction des formidables « leçons de choses » qui émaillent la série allait demander un travail de recherche massif et constant.
Près de quinze volumes plus tard, la sidérurgie artisanale n’a plus aucun secret pour moi. Je sais tout des roulements à bille (ou presque). Et j’ai dans mon répertoire une foule de nouveaux vocables fleuris, tels le « cyanoacétate d’éthyle » ou les « résistances variables bobinées ».
Un vrai régal pour la collectionneuse de mots que je suis.
Karine Rupp-Stanko

 

BAKEMONOGATARI

Nommé Édition 2021

Titre : Bakemonogatari
Titre japonais: 化物語
Auteur : Oh! Great, Nisioisin 
Traducteur : Yohan Leclerc
Editeur : Pika
Genre : shonen
Nombre de volumes : 9

Résumé :
Le mangaka Ogure Ito, plus connu sous le pseudonyme de Oh!Great, a notamment participé aux séries Burn Up W et Air Gear. Avec Bakemonogatari, l’auteur reste dans le shonen et nous raconte l’histoire de Koyomi Araragi, un jeune lycéen mordu par une vampire millénaire. Cette morsure lui confère des pouvoirs hors du commun, celui notamment de saisir que sa belle camarade Hitagi cache un étrange secret… Un manga au ton et au trait uniques, à glisser entre les mains des débutants comme des spécialistes.

Commentaire du Premier Jury :
Que voilà une mission périlleuse : la traduction du manga le plus bavard de tous les temps, aux dialogues interminables et bourrés de références, de jeux de mots, qui fait de sa rhétorique incessante sa marque de fabrique. Si le titre perd parfois son équilibre entre son histoire de fond, ses séquences d’action et ces fameux échanges, Yohan Leclerc a su proposer des joutes verbales faciles à suivre, rythmées et amusantes. Une fluidité jamais entachée par les quelques petits apartés de contextualisation, que ce soit sur le double sens de l’écriture japonaise ou pour une référence culturelle : on en dit à chaque fois le minimum et on évite ainsi de perdre le fil.
Paul Ozouf (journaliste)

Commentaire du traducteur :
La traduction d’une œuvre de NisiOisin ne manque jamais de défis, l’écrivain étant connu pour son inventivité langagière, ses tirades alambiquées, ses personnages volubiles, ses dialogues tout en digressions, sans oublier ses références parfois obscures et ses jeux de mots tous plus retors les uns que les autres. Bref, son style se caractérise par une certaine verve qu’il est indispensable de retranscrire, ou au moins d’essayer de retranscrire, tout en faisant tenir les circonvolutions de la phrase « nisioisinesque » dans le cadre nécessairement morcelé des bulles d’un manga. Pas simple, d’autant qu’Oh!Great n’hésite pas à retordre à sa façon le texte original du roman et qu’il convient de garder un minimum de cohésion avec ce dernier, courageusement traduit par Mathilde Tamae-Bouhon. J’espère en tout cas que les lectrices et les lecteurs s’amusent autant que moi avec cette rencontre de deux auteurs extravagants au meilleur de leur forme.
Yohan Leclerc

 

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