Le Prix Konishi de la traduction de manga japonais en français récompense la traduction d’un titre publié entre octobre 2018 et juillet 2019. L’annonce du lauréat de ce prix s’effectuera durant le Festival international de la Bande Dessinée d’Angoulême fin janvier 2020.
Édition 2020
Le lauréat
STOP!! HIBARI-KUN !
Titre : Stop !! Hibari-kun !
Titre japonais: ストップ!! ひばりくん!
Auteur : Hisashi Eguchi
Traducteur : Aurélien Estager
Editeur : Le Lézard Noir
Genre : seinen
Nombre de volumes : 2
Résumé :
Après le décès de sa mère, le jeune Kosaku Sakamoto se retrouve seul au monde. Conformément aux dernières volontés de la défunte, il quitte sa province pour emménager chez Ibari Ozora, l’un des amis de jeunesse de sa mère qui vit à Tokyo. Mais une fois installé, Kosaku découvre avec stupeur qu’Ozora est le chef d’un clan de yakuzas ! Si son premier réflexe est de s’enfuir à toutes jambes, il se ravise aussitôt lorsqu’il fait la connaissance des charmantes filles d’Ozora : Tsugumi, Tsubame, Suzume et la ravissante Hibari, dont l’adolescent tombe immédiatement amoureux. Mais Kosaku tombe à nouveau des nues lorsqu’il apprend que Hibari est en réalité un garçon !
Commentaire du Premier Jury :
La naïveté des sentiments adolescents, l’hystérie des quiproquos sexuels, et l’humour suranné de cette comédie romantique sont retranscrits ici avec rythme et créativité. Une traduction/adaptation qui n’est jamais aussi bonne que quand elle trahit subtilement le texte original.
Fausto Fasulo (journaliste)
Commentaire du traducteur :
En bande dessinée comme ailleurs, le registre de la comédie impose souvent un tempo soutenu. Les répliques doivent s’enchaîner le plus fluidement possible pour provoquer le rire, et les meilleurs gags sont ceux qui chatouillent les zygomatiques sans passer par le cerveau. Alors côté traducteur, on rabote les phrases au maximum, on privilégie des mots courts et courants, on rogne sur les prépositions et les virgules tout en s’efforçant de garder un ton naturel et coloré.
Certains gags de Stop!! Hibari-kun! font référence à des éléments de la culture populaire japonaise inconnus du public français, et j’ai pris le parti de franciser ces références, quitte à en tirer parfois des calembours navrants. Je préfère en effet susciter le sourire chez 1% des lecteurs et consterner les 99% restants plutôt que de barber tout le monde avec une note explicative en bas de page.
L’adaptation des gags demande de la patience et une bonne dose de chance, surtout pour les jeux de mots illustrés. On se retrouve à faire des listes de mots par thèmes pour trouver des ressemblances phonétiques, on ratisse le plus large possible en priant pour que la pêche soit bonne. Quand je rentre bredouille, j’essaye de glisser des jeux de mots gratos ailleurs pour garder le « quota » de la V.O.
Enfin, j’ai tenté de coller au charme du dessin en recourant à l’argot de l’époque, et ainsi de communiquer toute la tendresse que M. Eguchi éprouve pour son héroïne si espiègle et attachante.
Aurélien Estager
Édition 2020
Les nommés
LA VOIE DU TABLIER
Titre : La voie du tablier
Titre japonais: 極主夫道
Auteur : Kousuke Oono
Traducteur : Rodolphe Gicquel
Editeur : Kana
Genre : seinen
Nombre de volumes : 2
Résumé :
Notre homme est un ancien yakuza devenu homme au foyer… Il se faisait appeler « Tatsu, l’immortel » ! Aujourd’hui, il est l’homme idéal : il prépare des bentô à tomber, il repère les meilleurs promotions et il aide même d’anciens collègues (?) dans leur quotidien… Mais malgré son adorable tablier, il ne peut totalement gommer son air patibulaire et son regard de tueur… Pour notre plus grand plaisir !
Commentaire du Premier Jury :
Une pépite d’humour et de dérision, décalée et originale. Une œuvre entre deux genres qui sait se montrer drôle et inquiétante. La traduction était agréable, fluide et a permis de nombreux moments de rire.
Mickaël Brun-Arnaud (libraire)
Commentaire du traducteur :
Lorsque mon éditeur m’a proposé de traduire La Voie du Tablier, j’ai accepté de relever le défi sans hésiter une seule seconde. Dès ma première lecture, j’ai adoré suivre le quotidien de Tatsu l’immortel, une ancienne légende de la pègre nipponne reconvertie en homme au foyer modèle. Ainsi, pour rendre une traduction à la hauteur de l’œuvre de Kousuke Oono, il m’a fallu retranscrire l’humour présent dans la version originale, préserver la fluidité du texte japonais et adapter le langage des yakuzas dans la langue de Molière. Pour ce dernier point, l’argot, dont la grande richesse du lexique n’est plus à prouver, s’est imposé comme une évidence. Enfin, la décennie que j’ai passée à Osaka m’a été d’une grande aide pour comprendre les répliques rédigées dans le dialecte du Kansaï. Il ne me reste plus qu’à espérer que les lecteurs se fendent la poire en suivant les aventures de cet homme au foyer pas comme les autres.
Rodolphe Gicquel
LES MONTAGNES HALLUCINÉES
Titre : Les Montagnes hallucinées
Titre japonais: 狂気の山脈にて
Auteur : Gou Tanabe
Traducteur : Sylvain Chollet
Editeur : Ki-oon
Genre : seinen
Nombre de volumes : 2
Résumé :
En 1931, une expédition de sauvetage découvre le campement en ruines du Pr Lake, parti explorer l’Antarctique quelques mois plus tôt. Son équipe de scientifiques avait envoyé un message annonçant une découverte extraordinaire avant de sombrer dans le silence…
Sur place, des squelettes humains dépouillés de leur chair laissent imaginer les scènes d’horreur qui ont pu se dérouler. Plus perturbantes encore : les immenses montagnes noires aux pics acérés au pied desquelles le Pr Lake et ses compagnons ont rendu l’âme… Ces terres désolées semblent cacher de terribles secrets. Gare aux imprudents qui oseraient s’y aventurer !
Avec un trait sombre et réaliste, Gou Tanabe met en images les pires cauchemars imaginés par H. P. Lovecraft, le maître du fantastique et de l’horreur.
Commentaire du Premier Jury :
En adaptant de manière fidèle l’œuvre de H. P. Lovecraft, Gou Tanabe arrive à sublimer la nouvelle et à la faire vivre en images sans la trahir. Le ton, l’ambiance et la tension sont bien là. On est happés par cette histoire et on suit les personnages entre émerveillement, crainte et soif de découverte. Et quand on creuse, on remarque qu’en dessous de cette apparence alléchante se trouve en réalité un travail de traduction incroyable. En plus d’installer son histoire avec une fluidité et une efficacité sans pareilles, Sylvain Chollet montre tout son amour pour le texte. D’une qualité littéraire rare, ces deux volumes des Montagnes hallucinées utilisent la langue française avec une dextérité et une richesse linguistique qui feraient rougir les auteurs de « vrais livres ». Un travail de haut vol qui allie littérature et divertissement dans un récit où l’horreur côtoie l’étonnement.
Remi Inghilterra (journaliste)
Commentaire du traducteur :
Comme le disait si bien H. P. Lovecraft : “Iä ! Iä ! Cthulhu fhtagn !
Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn !”
Sylvain Chollet
LES FLEURS ROUGES
Titre : Les fleurs rouges (Oeuvres 1967-1968)
Titre japonais: 紅い花 つげ義春カラー作品集
Auteur : Yoshiharu Tsuge
Traducteur : Léopold Dahan
Editeur : Cornélius
Genre : seinen
Nombre de volumes : 1
Résumé :
Ce volume s’intéresse aux années charnières de Yoshiharu Tsuge, auteur emblématique du watakushi manga, la bande dessinée du moi, et inspirera toute une génération dans les années 1960. Les douze histoires qui composent Les fleurs rouges témoignent de l’assurance que cet auteur de trente ans est en train d’acquérir. Le style de Tsuge est déjà très affirmé et les histoires présentées dans ce volume sont emblématiques du degré de sophistication mis au point par l’auteur pour témoigner de la profondeur des sentiments humains.
Commentaire du Premier Jury :
Traduire le monument Tsuge, c’est avoir la lourde responsabilité d’ouvrir les portes d’un monde – ici d’une intimité – à un nouveau public. Une invitation envoyée à travers une version française qui restitue fidèlement toute la complexité émotionnelle de ce voyage intérieur.
Fausto Fasulo (journaliste)
Commentaire du traducteur :
Avoir la chance de traduire un auteur aussi important que Yoshiharu Tsuge s’est accompagné d’une responsabilité historique qui s’est parfois révélée presque paralysante. Comment rendre des dialectes inventés de toutes pièces par l’auteur ? La truculence jamais caricaturale du parler des personnages ? Et surtout, conserver l’envoutant pouvoir de suggestion du texte original ? J’ai mis un point d’honneur retranscrire cette cruciale part d’indétermination, en espérant que le public français découvre et adopte à son tour des personnages aussi inoubliables que Sayoko, Ben ou Pépé dans toute leur complexité originelle.
Léopold Dahan
YOTSUBA & !
Titre : Yotsuba & !
Titre japonais: よつばと !
Auteur : Kiyohiko Azuma
Traductrice : Eve Chauviré
Editeur : Kurokawa
Genre : shonen
Nombre de volumes : 14
Résumé :
Koiwai Yotsuba est une énergique petite fille de six ans, qui vient d’emménager en ville. Elle vit entourée de son père, qui ne cesse de lui faire des recommandations et de ses nouveaux voisins : la famille Ayase, avec trois filles plus agées dénommées Ena, Fuuka et Asagi. Chaque volume raconte la vie quotidienne de Yotsuba dans ce nouvel environnement. Son inexpérience du milieu urbain et son jeune âge donnent lieu à de nombreux gags et un comique de situation souvent irrésistible.
Commentaire du Premier Jury :
Yotsuba & !, c’est du choupi en barre, de la naïveté pas niaise et beaucoup de fou rire provoqué par les drôles de réactions de Koiwai Yotsuba que la traduction d’Eve Chauviré, toujours très juste, sait si bien retranscrire. Ultra populaire dans son pays, la série, dont chaque chapitre comporte un thème façon Martine (Yotsuba & la chasse aux cigales, Yotsuba & la piscine, etc.) est une ode à l’innocence et à la spontanéité, quitte à mettre souvent dans l’embarras le père adoptif de Yotsuba ou ses voisins. Une perle de drôlerie et de fraîcheur qu’il est toujours temps de recommander, aux petits comme aux grands.
Elodie Drouard (journaliste)
Commentaire de la traductrice :
Quel privilège que d’avoir pu travailler sur une œuvre aussi agréable que Yotsuba&!
Avec cette série fraîche et charmante, Kiyohiko Azuma nous invite à partager le quotidien d’une fillette de la banlieue de Tokyo.
Pour le traducteur, Yotsuba&!, c’est le défi d’un texte simple et spontané, où l’essentiel doit s’exprimer en peu de mots. Il faut également plonger naturellement le lecteur dans ce décor japonais sans pour autant l’embarrasser de trop d’explications. C’est transcrire le charme d’une parole enfantine que des tics amusants dévoilent au fil des volumes, où le crocodile devient « crocrodile ».
L’auteur dépeint avec une émotion sobre et authentique le lien qui se crée entre cette famille originale et tous ceux qui gravitent autour d’elle. Même si l’enfant espiègle vit un quotidien où le temps semble suspendu, je suis heureuse d’avoir eu la chance de l’accompagner toutes ces années.
Eve Chauviré
LE TIGRE DES NEIGES
Titre : Le tigre des neiges
Titre japonais: 雪花の虎
Auteur : Akiko Higashimura
Traductrice : Miyako Slocombe
Editeur : Le Lézard Noir
Genre : seinen
Nombre de volumes : 4
Résumé :
Et si Kenshin Uesugi, puissant seigneur de guerre ayant vécu durant l’époque Sengoku, au XVIe siècle, était en réalité une femme ? La mangaka Akiko Higashimura part de cette théorie existante pour nous proposer un manga historique relatant la vie de ce stratège hors pair surnommé le « Tigre d’Echigo ». L’histoire commence en 1529, à la naissance du troisième enfant de Tamekage Nagao, seigneur du château de Kasugayama. Son fils ainé n’ayant pas l’étoffe d’un guerrier, Tamekage veut faire de ce dernier-né son héritier, mais à son grand désespoir, c’est une fille qui naît. Il décide alors de l’élever comme un garçon et le nomme « Torachiyo ». Véritable garçon manqué, Torachiyo va grandir dans un petit château des montagnes, sans savoir quel incroyable destin l’attend…
Commentaire du Premier Jury :
Lectrice de shôjo depuis son plus jeune âge, Miyako Slocombe connaît bien la grammaire narrative du manga au féminin et c’est un atout indéniable pour sa traduction de ce manga où abondent les destins et les sentiments contrariés. Le résultat est d’une fluidité remarquable alors même que Le Tigre des Neiges est une œuvre dense, voire chargée par endroits, l’auteure superposant narration par l’image, dialogues abondants, voix-off et bris du « quatrième mur » en interpellant directement ses lecteurs.trices.
Laurent Lefebvre (journaliste)
Commentaire de la traductrice :
Akiko Higashimura étant une mangaka que j’affectionne particulièrement, j’étais très heureuse de pouvoir traduire Le Tigre des neiges grâce aux éditions du Lézard Noir. Mais avant même de commencer, je savais que la tâche serait ardue : la traduction de mangas historiques nécessite en effet de nombreuses recherches, et il s’agit d’une série où le ton du récit varie constamment : l’autrice s’amuse à s’immiscer dans le manga pour expliquer avec humour les passages trop compliqués et en plus, les personnages s’expriment en alternant langage d’époque et langage contemporain, effet qu’il faut conserver tout en veillant à ce que cela soit naturel. Les défis à relever sont donc nombreux mais Tora, le personnage principal, dégage une telle puissance que moi-même, il me remplit de courage à chaque nouveau tome !
Miyako Slocombe
STOP!! HIBARI-KUN !
Titre : Stop !! Hibari-kun !
Titre japonais: ストップ!! ひばりくん!
Auteur : Hisashi Eguchi
Traducteur : Aurélien Estager
Editeur : Le Lézard Noir
Genre : seinen
Nombre de volumes : 2
Résumé :
Après le décès de sa mère, le jeune Kosaku Sakamoto se retrouve seul au monde. Conformément aux dernières volontés de la défunte, il quitte sa province pour emménager chez Ibari Ozora, l’un des amis de jeunesse de sa mère qui vit à Tokyo. Mais une fois installé, Kosaku découvre avec stupeur qu’Ozora est le chef d’un clan de yakuzas ! Si son premier réflexe est de s’enfuir à toutes jambes, il se ravise aussitôt lorsqu’il fait la connaissance des charmantes filles d’Ozora : Tsugumi, Tsubame, Suzume et la ravissante Hibari, dont l’adolescent tombe immédiatement amoureux. Mais Kosaku tombe à nouveau des nues lorsqu’il apprend que Hibari est en réalité un garçon !
Commentaire du Premier Jury :
La naïveté des sentiments adolescents, l’hystérie des quiproquos sexuels, et l’humour suranné de cette comédie romantique sont retranscrits ici avec rythme et créativité. Une traduction/adaptation qui n’est jamais aussi bonne que quand elle trahit subtilement le texte original.
Fausto Fasulo (journaliste)
Commentaire du traducteur :
En bande dessinée comme ailleurs, le registre de la comédie impose souvent un tempo soutenu. Les répliques doivent s’enchaîner le plus fluidement possible pour provoquer le rire, et les meilleurs gags sont ceux qui chatouillent les zygomatiques sans passer par le cerveau. Alors côté traducteur, on rabote les phrases au maximum, on privilégie des mots courts et courants, on rogne sur les prépositions et les virgules tout en s’efforçant de garder un ton naturel et coloré.
Certains gags de Stop!! Hibari-kun! font référence à des éléments de la culture populaire japonaise inconnus du public français, et j’ai pris le parti de franciser ces références, quitte à en tirer parfois des calembours navrants. Je préfère en effet susciter le sourire chez 1% des lecteurs et consterner les 99% restants plutôt que de barber tout le monde avec une note explicative en bas de page.
L’adaptation des gags demande de la patience et une bonne dose de chance, surtout pour les jeux de mots illustrés. On se retrouve à faire des listes de mots par thèmes pour trouver des ressemblances phonétiques, on ratisse le plus large possible en priant pour que la pêche soit bonne. Quand je rentre bredouille, j’essaye de glisser des jeux de mots gratos ailleurs pour garder le « quota » de la V.O.
Enfin, j’ai tenté de coller au charme du dessin en recourant à l’argot de l’époque, et ainsi de communiquer toute la tendresse que M. Eguchi éprouve pour son héroïne si espiègle et attachante.
Aurélien Estager
BLUE FLAG
Titre : Blue Flag
Titre japonais: 青のフラッグ
Auteur : Kaito
Traductrice : Nesrine Mezouane
Editeur : Kurokawa
Genre : shonen
Nombre de volumes : 3
Résumé :
Au printemps de leur année de Terminale, trois élèves se retrouvent à un carrefour de leur vie. Taichi est dans la même classe que Tôma, un ami d’enfance à qui tout réussit et que Futaba, une fille qu’il a du mal à supporter. Un jour, Futaba se confie à lui et lui avoue qu’elle est amoureuse de Tôma. Un instantané sensible des tourments de la jeunesse d’aujourd’hui.
Commentaire du Premier Jury :
Une chronique adolescente et un triangle amoureux sensible, drôle et touchant. La VF se met à la hauteur de la jeunesse d’aujourd’hui sur le niveau de langage mais sans en faire trop et s’avère d’autant plus immersive.
Pa Ming Chiu (journaliste)
Commentaire de la traductrice :
Blue Flag dépeint l’adolescence d’une manière très juste, sans manichéisme ni clichés. Les personnages sont beaucoup plus complexes que ce qu’ils laissent d’abord supposer : la jeune fille timide et maladroite, le grand sportif à qui tout réussit, etc. Touchants, ils ressentent des choses qu’on a tous ressenties à un moment donné de notre adolescence. C’est un manga à la fois facile et difficile à traduire. Facile parce que je me suis rapidement attachée aux personnages, j’oserais même dire que je les aime tous profondément. Il m’est par conséquent assez aisé de me mettre à leur place et de parler avec leurs voix. Difficile parce qu’il aborde des thèmes sensibles avec beaucoup de non-dits et de pudeur. Je dois réussir à retranscrire le message tout en restant dans le ton, sans trop en dévoiler, ni rester dans le mystère. Mais c’est cela aussi qui le rend si poétique et beau, à mes yeux.
Nesrine Mezouane
BL MÉTAMORPHOSE
Titre : BL Métamorphose
Titre japonais: メタモルフォーゼの縁側
Auteur : Kaori Tsurutani
Traductrice : Géraldine Oudin
Editeur : Ki-oon
Genre : seinen
Nombre de volumes : 2
Résumé :
À 75 ans, Yuki vit le quotidien bien réglé d’une grand-mère japonaise, entre mots croisés et cours de calligraphie. En flânant un jour dans une librairie pour fuir la chaleur, elle craque pour un manga, intriguée par sa couverture chatoyante… Ce n’est qu’en rentrant chez elle que Yuki se rend compte qu’elle a fait l’acquisition d’une bande dessinée d’un genre bien particulier : un boy’s love, une romance entre garçons ! L’histoire pourrait s’arrêter là, mais, contre toute attente, notre mamie tombe littéralement sous le charme de ce récit et n’a plus qu’une idée en tête… lire la suite !
C’est la jeune Urara, apprentie libraire et accro au genre, qui va devenir la conseillère de la vieille dame en la matière ! Pour l’adolescente timide et complexée, qui vit sa passion dans le secret, la rencontre avec Yuki va être un véritable déclic. Par-delà les générations, les deux fangirls vont s’ouvrir l’une à l’autre et découvrir les joies d’une amitié hors du commun !
Commentaire du Premier Jury :
Alors que cette histoire entre une mamie et une jeune libraire pourrait paraître ennuyeuse, Géraldine Oudin arrive à donner à ces deux personnages principaux une voix bien singulière. Le langage utilisé est parfaitement adapté à leur âge et à leur situation. Les expressions de chacune sonnent juste et leur donnent un étonnant capital sympathie. Le charme opère en peu de phrases retranscrites avec charme et attention. D’une même délicatesse, textes et dessins tissent leur relation sur le fil de l’authenticité et « bonté divine », que c’est bon !
Remi Inghilterra (journaliste)
Commentaire de la traductrice :
Mon travail de traductrice consiste avant tout à transmettre des émotions au lecteur. Bien sûr, il faut que les dialogues sonnent juste, mais les mots ne sont qu’un outil au service d’une ambiance et de personnages à camper, avec leur personnalité, leurs tics de langage et leurs faiblesses : ici, Yuki, distinguée et intrépide à la fois, confrontée aux difficultés et aux choix liés à la vieillesse ; et Urara, jeune mais paralysée par son manque de confiance en elle. Nous connaissons tous une Yuki ou une Urara, peut-être même en avons-nous une, ou les deux, au fond de nous. Elles ont toujours été là pour guider mes choix.
Géraldine Oudin
BEASTARS
Titre : Beastars
Titre japonais: ビースターズ
Auteur : Paru Itagaki
Traductrice : Anne-Sophie Thévenon
Editeur : Ki-oon
Genre : seinen
Nombre de volumes : 7
Résumé :
À l’institut Cherryton, herbivores et carnivores vivent dans une harmonie orchestrée en détail. La consommation de viande est strictement interdite, et les dortoirs sont séparés en fonction des régimes alimentaires. Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes… mais la culture ne peut étouffer tous les instincts. Quand le cadavre de l’alpaga Tem est retrouvé déchiqueté sur le campus, les méfiances ancestrales refont surface !
Commentaire du Premier Jury :
Traduire un manga comme Beastars, c’est se confronter au problème du genre anthropomorphique, rendre des sentiments humains aux divers personnages du manga. Défi relevé avec brio par Anne-Sophie Thévenon qui arrive parfaitement au fil des tomes à nous faire oublier que les protagonistes ne sont que des animaux. La traduction est aérée, riche et précise, chaque animal a son propre langage qui correspond bien à ses instincts primaires. On ressent un travail de recherche pour développer des traits de caractère propres au monde animal avec un vocabulaire approprié.
Jérôme Marcot (libraire)
Commentaire du traducteur :
Au premier abord, on pourrait croire que Beastars est une histoire de lycéens où l’auteur a remplacé les humains par des animaux. Or, l’anthropomorphisme n’y est pas utilisé comme une simple métaphore. Si les personnages, leurs sentiments et leur passage compliqué à l’âge adulte rappellent nos adolescents, leur dimension animale fait partie intrinsèque de leur psyché, mais aussi de l’univers du manga comme de ses thématiques. Le lycée n’est pas un monde clos et, à mesure que l’intrigue avance, c’est sur une société entière que l’auteur lève le voile, une société véritablement animale qui ne ressemble somme toute qu’en apparence à la nôtre. Mon travail en tant que traductrice est d’en retranscrire les contrastes, côté cru et sensibilité, loi de la jungle et carcan sociétal, avec autant de réalisme que la version originale.
Anne-Sophie Thévenon
LE BATEAU DE THÉSÉE
Titre : Le bateau de Thésée
Titre japonais: テセウスの船
Auteur : Toshiya Higashimoto
Traductrice : Ryoko Akiyama
Editeur : Véga
Genre : seinen
Nombre de volumes : 4
Résumé :
À Tokyo, la vie d’un homme bascule quand sa femme meurt en donnant naissance à leur enfant. Il part à Hokkaido, lieu de son enfance. Il retrouve les traces de son passé familial, et notamment le souvenir de son propre père, un criminel responsable d’un massacre sur l’île.
Commentaire du Premier Jury :
Les séries fantastiques qui recourent au voyage dans le temps sont légion dans le manga. Toutefois, Le bateau de Thésée se détache non pour son travail de la dimension fantastique mais de celle de l’ordinaire, du quotidien. L’histoire d’un trentenaire lancé sur les traces de son père accusé d’un crime de masse et qui s’interroge sur sa propre paternité est palpitante. Un thriller qui brille pour sa finesse et sa justesse établie en quelques chapitres, restituées parfaitement par sa traduction en français. La traduction restitue pleinement une ambiance pleine de sous entendus ainsi que le climat instauré par le mangaka dans un village de l’île d’Hokkaido.
Pauline Croquet (journaliste)
Commentaire de la traductrice :
Le Bateau de Thésée est un manga très bien écrit et ultra efficace : pas une bulle inutile, pas une case superflue. Tout coule avec une telle fluidité qu’il m’arrive parfois d’entendre des voix en français lorsque je lis le manga en version japonaise, comme si je le traduisais en simultané dans ma tête…
Comme pour tout thriller, un petit détail qui paraît insignifiant peut s’avérer être une clé de compréhension de toute l’œuvre. Donc j’ai fait attention à ne rien oublier de traduire.
Quant au personnage de Shin, le héros, j’ai veillé à ce qu’il soit tout en retenue et en intériorité, car je crois que c’est ainsi que l’auteur l’a voulu.
Et pour finir, comme pour toutes mes traductions, je suis allée à la chasse aux mots trop longs et aux bulles trop denses, car je suis allergique aux césures et mes petits yeux voient de moins en moins bien. Donc j’ai dépensé beaucoup d’énergie à être concise et à trouver des synonymes courts.
Ryoko Akiyama
Les nommés
LA VOIE DU TABLIER
Titre : La voie du tablier
Titre japonais: 極主夫道
Auteur : Kousuke Oono
Traducteur : Rodolphe Gicquel
Editeur : Kana
Genre : seinen
Nombre de volumes : 2
Résumé :
Notre homme est un ancien yakuza devenu homme au foyer… Il se faisait appeler « Tatsu, l’immortel » ! Aujourd’hui, il est l’homme idéal : il prépare des bentô à tomber, il repère les meilleurs promotions et il aide même d’anciens collègues (?) dans leur quotidien… Mais malgré son adorable tablier, il ne peut totalement gommer son air patibulaire et son regard de tueur… Pour notre plus grand plaisir !
Commentaire du Premier Jury :
Une pépite d’humour et de dérision, décalée et originale. Une œuvre entre deux genres qui sait se montrer drôle et inquiétante. La traduction était agréable, fluide et a permis de nombreux moments de rire.
Mickaël Brun-Arnaud (libraire)
Commentaire du traducteur :
Lorsque mon éditeur m’a proposé de traduire La Voie du Tablier, j’ai accepté de relever le défi sans hésiter une seule seconde. Dès ma première lecture, j’ai adoré suivre le quotidien de Tatsu l’immortel, une ancienne légende de la pègre nipponne reconvertie en homme au foyer modèle. Ainsi, pour rendre une traduction à la hauteur de l’œuvre de Kousuke Oono, il m’a fallu retranscrire l’humour présent dans la version originale, préserver la fluidité du texte japonais et adapter le langage des yakuzas dans la langue de Molière. Pour ce dernier point, l’argot, dont la grande richesse du lexique n’est plus à prouver, s’est imposé comme une évidence. Enfin, la décennie que j’ai passée à Osaka m’a été d’une grande aide pour comprendre les répliques rédigées dans le dialecte du Kansaï. Il ne me reste plus qu’à espérer que les lecteurs se fendent la poire en suivant les aventures de cet homme au foyer pas comme les autres.
Rodolphe Gicquel
LES MONTAGNES HALLUCINÉES
Titre : Les Montagnes hallucinées
Titre japonais: 狂気の山脈にて
Auteur : Gou Tanabe
Traducteur : Sylvain Chollet
Editeur : Ki-oon
Genre : seinen
Nombre de volumes : 2
Résumé :
En 1931, une expédition de sauvetage découvre le campement en ruines du Pr Lake, parti explorer l’Antarctique quelques mois plus tôt. Son équipe de scientifiques avait envoyé un message annonçant une découverte extraordinaire avant de sombrer dans le silence…
Sur place, des squelettes humains dépouillés de leur chair laissent imaginer les scènes d’horreur qui ont pu se dérouler. Plus perturbantes encore : les immenses montagnes noires aux pics acérés au pied desquelles le Pr Lake et ses compagnons ont rendu l’âme… Ces terres désolées semblent cacher de terribles secrets. Gare aux imprudents qui oseraient s’y aventurer !
Avec un trait sombre et réaliste, Gou Tanabe met en images les pires cauchemars imaginés par H. P. Lovecraft, le maître du fantastique et de l’horreur.
Commentaire du Premier Jury :
En adaptant de manière fidèle l’œuvre de H. P. Lovecraft, Gou Tanabe arrive à sublimer la nouvelle et à la faire vivre en images sans la trahir. Le ton, l’ambiance et la tension sont bien là. On est happés par cette histoire et on suit les personnages entre émerveillement, crainte et soif de découverte. Et quand on creuse, on remarque qu’en dessous de cette apparence alléchante se trouve en réalité un travail de traduction incroyable. En plus d’installer son histoire avec une fluidité et une efficacité sans pareilles, Sylvain Chollet montre tout son amour pour le texte. D’une qualité littéraire rare, ces deux volumes des Montagnes hallucinées utilisent la langue française avec une dextérité et une richesse linguistique qui feraient rougir les auteurs de « vrais livres ». Un travail de haut vol qui allie littérature et divertissement dans un récit où l’horreur côtoie l’étonnement.
Remi Inghilterra (journaliste)
Commentaire du traducteur :
Comme le disait si bien H. P. Lovecraft : “Iä ! Iä ! Cthulhu fhtagn !
Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn !”
Sylvain Chollet
LES FLEURS ROUGES
Titre : Les fleurs rouges (Oeuvres 1967-1968)
Titre japonais: 紅い花 つげ義春カラー作品集
Auteur : Yoshiharu Tsuge
Traducteur : Léopold Dahan
Editeur : Cornélius
Genre : seinen
Nombre de volumes : 1
Résumé :
Ce volume s’intéresse aux années charnières de Yoshiharu Tsuge, auteur emblématique du watakushi manga, la bande dessinée du moi, et inspirera toute une génération dans les années 1960. Les douze histoires qui composent Les fleurs rouges témoignent de l’assurance que cet auteur de trente ans est en train d’acquérir. Le style de Tsuge est déjà très affirmé et les histoires présentées dans ce volume sont emblématiques du degré de sophistication mis au point par l’auteur pour témoigner de la profondeur des sentiments humains.
Commentaire du Premier Jury :
Traduire le monument Tsuge, c’est avoir la lourde responsabilité d’ouvrir les portes d’un monde – ici d’une intimité – à un nouveau public. Une invitation envoyée à travers une version française qui restitue fidèlement toute la complexité émotionnelle de ce voyage intérieur.
Fausto Fasulo (journaliste)
Commentaire du traducteur :
Avoir la chance de traduire un auteur aussi important que Yoshiharu Tsuge s’est accompagné d’une responsabilité historique qui s’est parfois révélée presque paralysante. Comment rendre des dialectes inventés de toutes pièces par l’auteur ? La truculence jamais caricaturale du parler des personnages ? Et surtout, conserver l’envoutant pouvoir de suggestion du texte original ? J’ai mis un point d’honneur retranscrire cette cruciale part d’indétermination, en espérant que le public français découvre et adopte à son tour des personnages aussi inoubliables que Sayoko, Ben ou Pépé dans toute leur complexité originelle.
Léopold Dahan
YOTSUBA & !
Titre : Yotsuba & !
Titre japonais: よつばと !
Auteur : Kiyohiko Azuma
Traductrice : Eve Chauviré
Editeur : Kurokawa
Genre : shonen
Nombre de volumes : 14
Résumé :
Koiwai Yotsuba est une énergique petite fille de six ans, qui vient d’emménager en ville. Elle vit entourée de son père, qui ne cesse de lui faire des recommandations et de ses nouveaux voisins : la famille Ayase, avec trois filles plus agées dénommées Ena, Fuuka et Asagi. Chaque volume raconte la vie quotidienne de Yotsuba dans ce nouvel environnement. Son inexpérience du milieu urbain et son jeune âge donnent lieu à de nombreux gags et un comique de situation souvent irrésistible.
Commentaire du Premier Jury :
Yotsuba & !, c’est du choupi en barre, de la naïveté pas niaise et beaucoup de fou rire provoqué par les drôles de réactions de Koiwai Yotsuba que la traduction d’Eve Chauviré, toujours très juste, sait si bien retranscrire. Ultra populaire dans son pays, la série, dont chaque chapitre comporte un thème façon Martine (Yotsuba & la chasse aux cigales, Yotsuba & la piscine, etc.) est une ode à l’innocence et à la spontanéité, quitte à mettre souvent dans l’embarras le père adoptif de Yotsuba ou ses voisins. Une perle de drôlerie et de fraîcheur qu’il est toujours temps de recommander, aux petits comme aux grands.
Elodie Drouard (journaliste)
Commentaire de la traductrice :
Quel privilège que d’avoir pu travailler sur une œuvre aussi agréable que Yotsuba&!
Avec cette série fraîche et charmante, Kiyohiko Azuma nous invite à partager le quotidien d’une fillette de la banlieue de Tokyo.
Pour le traducteur, Yotsuba&!, c’est le défi d’un texte simple et spontané, où l’essentiel doit s’exprimer en peu de mots. Il faut également plonger naturellement le lecteur dans ce décor japonais sans pour autant l’embarrasser de trop d’explications. C’est transcrire le charme d’une parole enfantine que des tics amusants dévoilent au fil des volumes, où le crocodile devient « crocrodile ».
L’auteur dépeint avec une émotion sobre et authentique le lien qui se crée entre cette famille originale et tous ceux qui gravitent autour d’elle. Même si l’enfant espiègle vit un quotidien où le temps semble suspendu, je suis heureuse d’avoir eu la chance de l’accompagner toutes ces années.
Eve Chauviré
LE TIGRE DES NEIGES
Titre : Le tigre des neiges
Titre japonais: 雪花の虎
Auteur : Akiko Higashimura
Traductrice : Miyako Slocombe
Editeur : Le Lézard Noir
Genre : seinen
Nombre de volumes : 4
Résumé :
Et si Kenshin Uesugi, puissant seigneur de guerre ayant vécu durant l’époque Sengoku, au XVIe siècle, était en réalité une femme ? La mangaka Akiko Higashimura part de cette théorie existante pour nous proposer un manga historique relatant la vie de ce stratège hors pair surnommé le « Tigre d’Echigo ». L’histoire commence en 1529, à la naissance du troisième enfant de Tamekage Nagao, seigneur du château de Kasugayama. Son fils ainé n’ayant pas l’étoffe d’un guerrier, Tamekage veut faire de ce dernier-né son héritier, mais à son grand désespoir, c’est une fille qui naît. Il décide alors de l’élever comme un garçon et le nomme « Torachiyo ». Véritable garçon manqué, Torachiyo va grandir dans un petit château des montagnes, sans savoir quel incroyable destin l’attend…
Commentaire du Premier Jury :
Lectrice de shôjo depuis son plus jeune âge, Miyako Slocombe connaît bien la grammaire narrative du manga au féminin et c’est un atout indéniable pour sa traduction de ce manga où abondent les destins et les sentiments contrariés. Le résultat est d’une fluidité remarquable alors même que Le Tigre des Neiges est une œuvre dense, voire chargée par endroits, l’auteure superposant narration par l’image, dialogues abondants, voix-off et bris du « quatrième mur » en interpellant directement ses lecteurs.trices.
Laurent Lefebvre (journaliste)
Commentaire de la traductrice :
Akiko Higashimura étant une mangaka que j’affectionne particulièrement, j’étais très heureuse de pouvoir traduire Le Tigre des neiges grâce aux éditions du Lézard Noir. Mais avant même de commencer, je savais que la tâche serait ardue : la traduction de mangas historiques nécessite en effet de nombreuses recherches, et il s’agit d’une série où le ton du récit varie constamment : l’autrice s’amuse à s’immiscer dans le manga pour expliquer avec humour les passages trop compliqués et en plus, les personnages s’expriment en alternant langage d’époque et langage contemporain, effet qu’il faut conserver tout en veillant à ce que cela soit naturel. Les défis à relever sont donc nombreux mais Tora, le personnage principal, dégage une telle puissance que moi-même, il me remplit de courage à chaque nouveau tome !
Miyako Slocombe
STOP!! HIBARI-KUN !
Titre : Stop !! Hibari-kun !
Titre japonais: ストップ!! ひばりくん!
Auteur : Hisashi Eguchi
Traducteur : Aurélien Estager
Editeur : Le Lézard Noir
Genre : seinen
Nombre de volumes : 2
Résumé :
Après le décès de sa mère, le jeune Kosaku Sakamoto se retrouve seul au monde. Conformément aux dernières volontés de la défunte, il quitte sa province pour emménager chez Ibari Ozora, l’un des amis de jeunesse de sa mère qui vit à Tokyo. Mais une fois installé, Kosaku découvre avec stupeur qu’Ozora est le chef d’un clan de yakuzas ! Si son premier réflexe est de s’enfuir à toutes jambes, il se ravise aussitôt lorsqu’il fait la connaissance des charmantes filles d’Ozora : Tsugumi, Tsubame, Suzume et la ravissante Hibari, dont l’adolescent tombe immédiatement amoureux. Mais Kosaku tombe à nouveau des nues lorsqu’il apprend que Hibari est en réalité un garçon !
Commentaire du Premier Jury :
La naïveté des sentiments adolescents, l’hystérie des quiproquos sexuels, et l’humour suranné de cette comédie romantique sont retranscrits ici avec rythme et créativité. Une traduction/adaptation qui n’est jamais aussi bonne que quand elle trahit subtilement le texte original.
Fausto Fasulo (journaliste)
Commentaire du traducteur :
En bande dessinée comme ailleurs, le registre de la comédie impose souvent un tempo soutenu. Les répliques doivent s’enchaîner le plus fluidement possible pour provoquer le rire, et les meilleurs gags sont ceux qui chatouillent les zygomatiques sans passer par le cerveau. Alors côté traducteur, on rabote les phrases au maximum, on privilégie des mots courts et courants, on rogne sur les prépositions et les virgules tout en s’efforçant de garder un ton naturel et coloré.
Certains gags de Stop!! Hibari-kun! font référence à des éléments de la culture populaire japonaise inconnus du public français, et j’ai pris le parti de franciser ces références, quitte à en tirer parfois des calembours navrants. Je préfère en effet susciter le sourire chez 1% des lecteurs et consterner les 99% restants plutôt que de barber tout le monde avec une note explicative en bas de page.
L’adaptation des gags demande de la patience et une bonne dose de chance, surtout pour les jeux de mots illustrés. On se retrouve à faire des listes de mots par thèmes pour trouver des ressemblances phonétiques, on ratisse le plus large possible en priant pour que la pêche soit bonne. Quand je rentre bredouille, j’essaye de glisser des jeux de mots gratos ailleurs pour garder le « quota » de la V.O.
Enfin, j’ai tenté de coller au charme du dessin en recourant à l’argot de l’époque, et ainsi de communiquer toute la tendresse que M. Eguchi éprouve pour son héroïne si espiègle et attachante.
Aurélien Estager
BLUE FLAG
Titre : Blue Flag
Titre japonais: 青のフラッグ
Auteur : Kaito
Traductrice : Nesrine Mezouane
Editeur : Kurokawa
Genre : shonen
Nombre de volumes : 3
Résumé :
Au printemps de leur année de Terminale, trois élèves se retrouvent à un carrefour de leur vie. Taichi est dans la même classe que Tôma, un ami d’enfance à qui tout réussit et que Futaba, une fille qu’il a du mal à supporter. Un jour, Futaba se confie à lui et lui avoue qu’elle est amoureuse de Tôma. Un instantané sensible des tourments de la jeunesse d’aujourd’hui.
Commentaire du Premier Jury :
Une chronique adolescente et un triangle amoureux sensible, drôle et touchant. La VF se met à la hauteur de la jeunesse d’aujourd’hui sur le niveau de langage mais sans en faire trop et s’avère d’autant plus immersive.
Pa Ming Chiu (journaliste)
Commentaire de la traductrice :
Blue Flag dépeint l’adolescence d’une manière très juste, sans manichéisme ni clichés. Les personnages sont beaucoup plus complexes que ce qu’ils laissent d’abord supposer : la jeune fille timide et maladroite, le grand sportif à qui tout réussit, etc. Touchants, ils ressentent des choses qu’on a tous ressenties à un moment donné de notre adolescence. C’est un manga à la fois facile et difficile à traduire. Facile parce que je me suis rapidement attachée aux personnages, j’oserais même dire que je les aime tous profondément. Il m’est par conséquent assez aisé de me mettre à leur place et de parler avec leurs voix. Difficile parce qu’il aborde des thèmes sensibles avec beaucoup de non-dits et de pudeur. Je dois réussir à retranscrire le message tout en restant dans le ton, sans trop en dévoiler, ni rester dans le mystère. Mais c’est cela aussi qui le rend si poétique et beau, à mes yeux.
Nesrine Mezouane
BL MÉTAMORPHOSE
Titre : BL Métamorphose
Titre japonais: メタモルフォーゼの縁側
Auteur : Kaori Tsurutani
Traductrice : Géraldine Oudin
Editeur : Ki-oon
Genre : seinen
Nombre de volumes : 2
Résumé :
À 75 ans, Yuki vit le quotidien bien réglé d’une grand-mère japonaise, entre mots croisés et cours de calligraphie. En flânant un jour dans une librairie pour fuir la chaleur, elle craque pour un manga, intriguée par sa couverture chatoyante… Ce n’est qu’en rentrant chez elle que Yuki se rend compte qu’elle a fait l’acquisition d’une bande dessinée d’un genre bien particulier : un boy’s love, une romance entre garçons ! L’histoire pourrait s’arrêter là, mais, contre toute attente, notre mamie tombe littéralement sous le charme de ce récit et n’a plus qu’une idée en tête… lire la suite !
C’est la jeune Urara, apprentie libraire et accro au genre, qui va devenir la conseillère de la vieille dame en la matière ! Pour l’adolescente timide et complexée, qui vit sa passion dans le secret, la rencontre avec Yuki va être un véritable déclic. Par-delà les générations, les deux fangirls vont s’ouvrir l’une à l’autre et découvrir les joies d’une amitié hors du commun !
Commentaire du Premier Jury :
Alors que cette histoire entre une mamie et une jeune libraire pourrait paraître ennuyeuse, Géraldine Oudin arrive à donner à ces deux personnages principaux une voix bien singulière. Le langage utilisé est parfaitement adapté à leur âge et à leur situation. Les expressions de chacune sonnent juste et leur donnent un étonnant capital sympathie. Le charme opère en peu de phrases retranscrites avec charme et attention. D’une même délicatesse, textes et dessins tissent leur relation sur le fil de l’authenticité et « bonté divine », que c’est bon !
Remi Inghilterra (journaliste)
Commentaire de la traductrice :
Mon travail de traductrice consiste avant tout à transmettre des émotions au lecteur. Bien sûr, il faut que les dialogues sonnent juste, mais les mots ne sont qu’un outil au service d’une ambiance et de personnages à camper, avec leur personnalité, leurs tics de langage et leurs faiblesses : ici, Yuki, distinguée et intrépide à la fois, confrontée aux difficultés et aux choix liés à la vieillesse ; et Urara, jeune mais paralysée par son manque de confiance en elle. Nous connaissons tous une Yuki ou une Urara, peut-être même en avons-nous une, ou les deux, au fond de nous. Elles ont toujours été là pour guider mes choix.
Géraldine Oudin
BEASTARS
Titre : Beastars
Titre japonais: ビースターズ
Auteur : Paru Itagaki
Traductrice : Anne-Sophie Thévenon
Editeur : Ki-oon
Genre : seinen
Nombre de volumes : 7
Résumé :
À l’institut Cherryton, herbivores et carnivores vivent dans une harmonie orchestrée en détail. La consommation de viande est strictement interdite, et les dortoirs sont séparés en fonction des régimes alimentaires. Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes… mais la culture ne peut étouffer tous les instincts. Quand le cadavre de l’alpaga Tem est retrouvé déchiqueté sur le campus, les méfiances ancestrales refont surface !
Commentaire du Premier Jury :
Traduire un manga comme Beastars, c’est se confronter au problème du genre anthropomorphique, rendre des sentiments humains aux divers personnages du manga. Défi relevé avec brio par Anne-Sophie Thévenon qui arrive parfaitement au fil des tomes à nous faire oublier que les protagonistes ne sont que des animaux. La traduction est aérée, riche et précise, chaque animal a son propre langage qui correspond bien à ses instincts primaires. On ressent un travail de recherche pour développer des traits de caractère propres au monde animal avec un vocabulaire approprié.
Jérôme Marcot (libraire)
Commentaire du traducteur :
Au premier abord, on pourrait croire que Beastars est une histoire de lycéens où l’auteur a remplacé les humains par des animaux. Or, l’anthropomorphisme n’y est pas utilisé comme une simple métaphore. Si les personnages, leurs sentiments et leur passage compliqué à l’âge adulte rappellent nos adolescents, leur dimension animale fait partie intrinsèque de leur psyché, mais aussi de l’univers du manga comme de ses thématiques. Le lycée n’est pas un monde clos et, à mesure que l’intrigue avance, c’est sur une société entière que l’auteur lève le voile, une société véritablement animale qui ne ressemble somme toute qu’en apparence à la nôtre. Mon travail en tant que traductrice est d’en retranscrire les contrastes, côté cru et sensibilité, loi de la jungle et carcan sociétal, avec autant de réalisme que la version originale.
Anne-Sophie Thévenon
LE BATEAU DE THÉSÉE
Titre : Le bateau de Thésée
Titre japonais: テセウスの船
Auteur : Toshiya Higashimoto
Traductrice : Ryoko Akiyama
Editeur : Véga
Genre : seinen
Nombre de volumes : 4
Résumé :
À Tokyo, la vie d’un homme bascule quand sa femme meurt en donnant naissance à leur enfant. Il part à Hokkaido, lieu de son enfance. Il retrouve les traces de son passé familial, et notamment le souvenir de son propre père, un criminel responsable d’un massacre sur l’île.
Commentaire du Premier Jury :
Les séries fantastiques qui recourent au voyage dans le temps sont légion dans le manga. Toutefois, Le bateau de Thésée se détache non pour son travail de la dimension fantastique mais de celle de l’ordinaire, du quotidien. L’histoire d’un trentenaire lancé sur les traces de son père accusé d’un crime de masse et qui s’interroge sur sa propre paternité est palpitante. Un thriller qui brille pour sa finesse et sa justesse établie en quelques chapitres, restituées parfaitement par sa traduction en français. La traduction restitue pleinement une ambiance pleine de sous entendus ainsi que le climat instauré par le mangaka dans un village de l’île d’Hokkaido.
Pauline Croquet (journaliste)
Commentaire de la traductrice :
Le Bateau de Thésée est un manga très bien écrit et ultra efficace : pas une bulle inutile, pas une case superflue. Tout coule avec une telle fluidité qu’il m’arrive parfois d’entendre des voix en français lorsque je lis le manga en version japonaise, comme si je le traduisais en simultané dans ma tête…
Comme pour tout thriller, un petit détail qui paraît insignifiant peut s’avérer être une clé de compréhension de toute l’œuvre. Donc j’ai fait attention à ne rien oublier de traduire.
Quant au personnage de Shin, le héros, j’ai veillé à ce qu’il soit tout en retenue et en intériorité, car je crois que c’est ainsi que l’auteur l’a voulu.
Et pour finir, comme pour toutes mes traductions, je suis allée à la chasse aux mots trop longs et aux bulles trop denses, car je suis allergique aux césures et mes petits yeux voient de moins en moins bien. Donc j’ai dépensé beaucoup d’énergie à être concise et à trouver des synonymes courts.
Ryoko Akiyama