Le Prix Konishi de la traduction de manga japonais en français récompense la traduction d’un titre publié entre octobre 2017 et septembre 2018. L’annonce du lauréat de ce prix s’effectuera durant le Festival international de la Bande Dessinée d’Angoulême fin janvier 2019.
Edition 2019
Le lauréat
DEAD DEAD DEMON’S DEDEDEDE DESTRUCTION
Titre : Dead Dead Demon’s Dededede Destruction
Titre japonais: デッドデッドデーモンズデデデデ デストラクション
Auteur : Inio Asano
Traducteur : Thibaud Desbief
Editeur : Kana
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 6
Résumé :
Depuis 3 ans, le ciel de Tokyo est recouvert par un gigantesque vaisseau spatial extra-terrestre. Pourtant, aucune attaque de la part des extra-terrestres n’est recensée bien que les humains abattent, avec une facilité déconcertante, les petits vaisseaux qui sortent de temps en temps du ventre de l’immense engin…
Pendant ce temps, sur Terre, les deux amies Kadode et Ôran, comme la majorité des humains, ne prêtent plus attention à ce vaisseau et continuent à vivre leur vie. Mais ces 3 années de paix ont endormi la vigilance de l’Humanité… Elle ne remarque pas que « l’envahisseur » s’est infiltré au sein de sa population. Et il pourrait bientôt troubler leur paisible quotidien !
Commentaire du Premier Jury :
On retrouve dans ce dernier titre d’Inio Asano la folie, la rupture des codes permanentes, les seconds degrés de lecture et la narration déstructurée qui caractérisent les œuvres de l’auteur. En utilisant le prétexte d’une invasion extra-terrestre, l’auteur livre un portrait sans concession du japon post Fukushima, avec un trait plus riche et maîtrisé que jamais.
Le texte très bavard est parfaitement adapté, surtout dans les niveaux de langage des jeunes personnages qui sont cohérents avec leurs âges, sans toutefois en faire trop et verser dans le familier excessif ou les effets de francisation à outrance. La fantaisie, l’intelligence et le décalage du personnage d’Ôran sont notamment très bien retranscrits.
Pa Ming Chiu
Commentaire du traducteur :
Travailler sur la traduction de DDDDD revient nécessairement à se poser la question de la distance à prendre avec le texte. Le curseur de l’adaptation, plus ou moins poussé, revêt une importance capitale dans cette histoire où les protagonistes peuvent s’exprimer dans un langage particulièrement emprunté aux jeux vidéo, aux réseaux sociaux japonais et à leurs codes. La bande de Kadode et Ôran a indéniablement un gros grain de folie qu’il faut parvenir à préserver, sans pour autant faire fuir les lecteurs. Une folie douce !
Thibaud Desbief
Les nommés
GOOD MORNING, LITTLE BRIAR-ROSE
Titre : Good Morning, Little Briar-Rose
Titre japonais: おはよう、いばら姫
Auteur : Megumi Morino
Traducteur : Miyako Slocombe
Editeur : Akata
Genre : Shôjo
Nombre de volumes : 6
Résumé :
Parce qu’il souhaite prouver à son père qu’il pourra arrêter ses études à la sortie du lycée, le jeune Tetsu a commencé à travailler comme employé de maison pour la prestigieuse famille Karasawa. à la demeure surnommée « la maison au sommet de la colline », le lycéen se doit de respecter une seule règle : ne pas surtout pas s’approcher de la petite annexe du jardin, dans laquelle réside cloîtrée la jeune fille malade de la famille Karasawa. Pourtant, un jour, son regard croisera celui de la mystérieuse Shizu. Aussitôt attiré par son sourire empli de tristesse, Tetsu se permet alors de braver l’interdit… Il ne s’imagine pas encore les nombreux secrets qui entourent la jeune fille. Qui est-elle vraiment ?
Commentaire du Premier Jury :
Shôjo labyrinthique, « Good Morning Little Briar-Rose » a pour héroïne une jeune femme pétrie de contradictions et qui glisse, sans prévenir, d’une personnalité à une autre. Ce jeu de rôle(s) permanent appelait un travail de traduction sachant jongler avec des niveaux de langage, une syntaxe et des intonations très différentes. Cela avec d’autant plus de subtilité que ces nombreuses personnalités ne sont jamais grandiloquentes. Défi relevé « haut-la-plume » par la traductrice, Miyako Slocombe, qui en français a su donner une voix distincte à chacune, avec un sens certain du dialogue. Son travail offre de plus un texte vivant, précis et d’une fluidité absolument remarquable à l’ensemble de cette œuvre.
Laurent Lefebvre
Commentaire de la traductrice :
« Good Morning, Little Briar-Rose » démarre comme une histoire sentimentale classique mais très vite, il nous emmène dans une direction complètement inattendue. J’ai été impressionnée par le talent de l’autrice, qui signe ici sa première série. Une des caractéristiques de l’œuvre est qu’on a affaire à un personnage doté de plusieurs personnalités, identifiables par leur manière de s’exprimer. Si en japonais, il existe toutes sortes de façons de dire « je » et des particules permettant d’indiquer le sexe ou la tranche d’âge du locuteur, il n’y a pas d’équivalent exact en français et il a fallu compenser par un langage et un choix de vocabulaire précis propre à chaque personnalité, sans tomber dans la caricature pour autant. Un défi stimulant que j’ai relevé avec plaisir, tant les personnages de ce manga sont attachants.
Miyako Slocombe
THE PROMISED NEVERLAND
Titre : The promised neverland
Titre japonais: 約束のネバーランド
Auteur : Posuka Demizu, Kaiu Shirai
Traducteur : Sylvain Chollet
Editeur : Kaze
Genre : Shônen
Nombre de volumes : 4
Résumé :
Emma, Norman et Ray coulent des jours heureux à l’orphelinat Grace Field House. Entourés de leurs petits frères et sœurs, ils s’épanouissent sous l’attention pleine de tendresse de “Maman”, qu’ils considèrent comme leur véritable mère. Mais tout bascule le soir où ils découvrent l’abominable réalité qui se cache derrière la façade de leur vie paisible ! Ils doivent s’échapper, c’est une question de vie ou de mort !
Commentaire du Premier Jury :
Bienvenue à Grace Field House. L’histoire nous entraine dans le quotidien d’Emma et de ses camarades qui vivent tous dans un curieux orphelinat. Une seule règle à suivre : interdiction de sortir de l’enceinte de l’établissement. Tout bascule un soir où ils découvrent la sombre vérité de cet orphelinat.
La traduction particulièrement soignée et pertinente dépeint habillement la naïveté des enfants dans ce monde impitoyable et fantastique. Le scénario si prenant de ce best-seller a été extrêmement soigné, dans le choix des mots et des émotions notamment, ce qui rend la lecture de cette œuvre agréable et très addictive.
Jérome Marcot
Commentaire du traducteur:
Travailler sur un titre comme «The Promised Neverland » est un rêve pour tout traducteur. Un ovni dans le monde du shônen qui marque les esprits dès son premier épisode, et offre un plaisir de lecture tel qu’il s’impose immédiatement comme un incontournable, et dont on pressent qu’il acquerra le statut de classique. Dans cette série où chaque action de chaque personnage a une vraie importance, la principale difficulté de la traduction est de rendre fidèlement toutes les informations qui foisonnent, chacune étant susceptible d’être la clé de l’un des nombreux mystères pouvant, en quelques pages, bouleverser le cours des événements !
Sylvain Chollet
Zero
Titre : Zero
Titre japonais: Zero
Auteur : Taiyô Matsumoto
Traducteur : Aurélien Estager
Editeur : Pika
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 1
Résumé :
Boxeur professionnel d’un âge avancé, Miyabi Goshima est l’indétrônable champion du monde des poids moyens. Rendu apathique par l’absence d’adversaires à sa hauteur, il défend son titre en enchaînant les victoires sans enthousiasme. C’est alors qu’arrive Travis Bal, un jeune boxeur mexicain dont la réputation prometteuse réveille la rage de vaincre de Goshima. Que reste-t-il à espérer lorsque l’on n’a plus rien à prouver ?
Commentaire du Premier Jury :
On entend la voix de Taiyô Matsumoto en lisant chacun de ses mangas. Cet auteur incomparable utilise un langage qui lui est propre et qui imprègne intensément ses œuvres. La traduction de Zero possède une qualité essentielle : elle ne dénature jamais cette voix et a su adapter en français le langage populaire privilégié par l’auteur pour ce manga. Les « dialectes populo » évoluent vite et en permanence. Il eut été facile de se tromper d’idiome ou bien d’en faire trop. Toutefois, cette version française sonne naturelle d’un bout à l’autre, tout en puisant judicieusement son punch dans un argot propre aux années 90, qui ont vu la publication de cette œuvre au Japon.
Laurent Lefebvre
Commentaire du traducteur :
Parvenir à s’effacer derrière les personnages est sans doute l’un des gages d’une traduction de manga réussie. Mais l’affaire se complique quand on s’efforce de souligner les émotions et les nuances qui émaillent les répliques – ici notamment la rage, la gouaille, le cynisme, la maladresse – au risque d’en faire trop. Malgré tout, quels que soient les résultats de ce travail aussi passionnant que laborieux, la fulgurance du dessin de Taiyô Matsumoto éclipse fort heureusement un texte qui joue davantage un rôle de ponctuation dans ce portrait glaçant d’un homme englouti par la folie.
Aurélien Estager
LA VIRGINITÉ PASSÉ 30 ANS
Titre : La virginité passé 30 ans – souffrances et désirs au quotidien
Titre japonais: 漫画ルポ 中年童貞
Auteur : Toshifumi Sakurai, Atsuhiko Nakamura
Traducteur : Aurélien Estager
Editeur : Akata
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 1
Résumé :
Au Japon, un quart des hommes entre trente et cinquante ans n’aurait jamais eu d’expérience sexuelle, ce qui représente donc plus de 4 millions d’individus… vierges ! Ce sont les vies de huit d’entre eux qui sont mises en scène dans ce manga sociologique. Des vies bien réelles, entre souffrances et désirs, espoir et fierté, honte et humiliations publiques… Avec un regard bizarrement tendre et sans jugement, mais aussi très acerbe sur la société, Sakuraichi nous dévoile leur intimité, dénonçant du même coup toute l’hypocrisie du système. Un système qui use les individus, les tue à petit feu. Malgré des situations humainement inacceptables, les auteurs se refusent à tout compromis, et nous offrent une vision sans fard d’un Japon bien réel. Victimes et bourreaux à la fois, les « puceaux tardifs » décrits dans ce recueil ne sont-ils pas, après tout, que le résultat des dérives d’une société trop déshumanisée ?
Commentaire du Premier Jury :
Ouvrage curieux, à la fois malaisant et amusant, « la Virginité passé 30 ans » ne se moque jamais de ses protagonistes car il est capable de faire cohabiter un grand nombre de voix différentes sans que jamais l’une d’elle ne semble supérieure aux autres. Ainsi la traduction fait cohabiter le plus naturellement du monde divers niveaux de langage: le détachement froid du regard quasi sociologique posé par les récitatifs (où transpire aussi la voix d’un narrateur omniscient), la trivialité de types frustrés, suants et irritables, le côté sentencieux des posts de forums internet ou le langage plus sirupeux d’une lettre manuscrite écrite par un type au vocabulaire un peu limité. Le tout en ayant régulièrement à gérer des références à la culture japonaise (populaire ou faits divers). La traduction est si bonne qu’au troisième chapitre, lorsqu’il est nécessaire d’expliquer le terme “netto uyoku”, on ne saurait dire ce qui tient de l’adaptation du texte original sur la parenthèse relative à la fachosphère japonaise.
Marius Chapuis
Commentaire du traducteur :
Le texte de « La Virginité passé 30 ans » est très dense en informations, et repose souvent sur des phrases à rallonge qu’il a fallu diviser en blocs plus digestes, voire parfois réordonner légèrement pour que le propos reste clair en français. Par ailleurs, le sujet même du livre a rendu sa traduction quelque peu éprouvante. Car au-delà du thème de la virginité tardive, Atsuhiko Nakamura brosse le portrait d’individus conduits par leur environnement social et familial à se replier sur eux-mêmes, et dont la souffrance résonne de manière tristement universelle.
Aurélien Estager
CHARIVARI !
Titre : Charivari ! (œuvres de Maki Sasaki 1967-1981 )
Titre japonais: うみべのまち
Auteur : Maki Sasaki
Traducteur : Léopold Dahan
Editeur : Le lézard noir
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 1
Résumé :
Cette anthologie présente pour la première fois au public français un des plus grands noms de l’avant-garde de la bande dessinée japonaise, Maki Sasaki. Des patchworks graphiques imprévisibles de ses débuts à ses adaptations des poètes du non-sens anglais, des impromptus absurdes pour la presse aux saynètes surréalistes qui suivent dans le magazine alternatif culte Garo, tous les mangas réunis dans cette anthologie confirment que Maki Sasaki est bien l’un des auteurs les plus audacieux et modernes que compte l’histoire de la bande dessinée japonaise.
Commentaire du Premier Jury :
Une expérience unique, sorte de trip protéiforme qui demande un abandon de ses réflexes de lecture et propulse le lecteur dans une « zone » absolument unique. Cette liberté, cette poésie, cette musicalité, bref, ce chaos pop, tout cela est saisi dans une traduction énergique qui retranscrit la folie surréaliste de Sasaki.
Fausto Fasulo
Commentaire du traducteur :
Face à un corpus aussi bariolé et inclassable que celui de « Charivari ! », j’ai vite réalisé qu’il allait falloir déconstruire ma méthode habituelle pour me lancer dans des traductions, aux exigences parfois radicalement différentes d’une œuvre à l’autre. Pour certaines, je me suis parfois concentré sur les jeux de résonnances graphiques et sonores, quand pour d’autres, je me suis au contraire agrippé à l’hermétisme du texte comme à un fil d’Ariane, souvent forcé de jouer les funambules pour essayer de trouver un fragile équilibre entre ces deux approches. Arrivé au terme de ce voyage mouvementé, je ne peux qu’espérer que le public français apprécie et continue de faire de nouvelles découvertes à chaque fois qu’il se plongera dans l’incroyable richesse de cet univers, comme je le fais sans me lasser à chaque nouvelle lecture.
Léopold Dahan
BLUE GIANT
Titre : Blue Giant
Titre japonais: Blue Giant
Auteur : Shinichi Ishizuka
Traducteur : Anne-Sophie Thévenon
Editeur : Glénat
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 4
Résumé :
Dai Miyamoto est en terminale. Il fait partie de l’équipe de basket, travaille à mi-temps dans une station service, et vit seul avec son père et sa petite sœur. Surtout, il s’est pris de passion pour le jazz depuis le collège. À tel point qu’il joue tous les jours sur les berges de la rivière, peu importe les conditions météo. Qu’il pleuve, qu’il vente ou que la canicule soit au rendez-vous, il joue. Il veut être un géant du jazz et reste persuadé qu’il peut y arriver. Seulement, pour cela, il va devoir se confronter à la réalité : entre les explications aux amis, les premières représentations chaotiques et les rencontres diverses, la détermination de Dai va être mise à rude épreuve…
Commentaire du Premier Jury :
Entre tranches de vie et musique, le quotidien de Dai Miyamoto est invariablement rythmé par son ivresse pour le jazz. En parallèle de sa vie de lycéen, il s’attèle à l’apprentissage et la pratique acharnée du saxophone. Avec naturel et subtilité, la traduction renforce toute l’humanité et le positivisme dont regorge « Blue Giant ». La justesse et la fluidité des dialogues rendent la série et ses personnages particulièrement attachants. L’empathie envers Dai et l’émotion qu’il transmet nourrissent une affection grandissante pour ce virtuose. On a rarement ressenti autant de puissance et de passion pour la musique que dans ce manga. Une lecture généreuse, bienveillante et sensitivement précieuse.
Rémi Inghilterra
Commentaire du traducteur :
La traduction de « Blue Giant » est un défi pour moi qui n’ai jamais étudié le solfège ni joué d’un instrument ; je me suis très vite rendue compte en me documentant que la musique est une langue à part entière. Cependant, au-delà des gammes et autres accords, l’auteur Shinichi Ishizuka réussit avant tout son pari de « dessiner le jazz » grâce à un autre langage, celui de l’émotion. Il se sert de tranches de vie toutes simples mais qui, de ce fait, plongent au cœur du Japon le plus typique, celui de la classe moyenne et d’identités régionales marquées. C’est passionnant de retranscrire à la fois toute la singularité de ce pays et une émotion qui doit garder son caractère universel pour que, à l’égal de sa version japonaise, cette chronique douce-amère touche les lecteurs au cœur comme un morceau de jazz.
Anne-Sophie Thévenon
DEAD DEAD DEMON’S DEDEDEDE DESTRUCTION
Titre : Dead Dead Demon’s Dededede Destruction
Titre japonais: デッドデッドデーモンズデデデデ デストラクション
Auteur : Inio Asano
Traducteur : Thibaud Desbief
Editeur : Kana
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 6
Résumé :
Depuis 3 ans, le ciel de Tokyo est recouvert par un gigantesque vaisseau spatial extra-terrestre. Pourtant, aucune attaque de la part des extra-terrestres n’est recensée bien que les humains abattent, avec une facilité déconcertante, les petits vaisseaux qui sortent de temps en temps du ventre de l’immense engin…
Pendant ce temps, sur Terre, les deux amies Kadode et Ôran, comme la majorité des humains, ne prêtent plus attention à ce vaisseau et continuent à vivre leur vie. Mais ces 3 années de paix ont endormi la vigilance de l’Humanité… Elle ne remarque pas que « l’envahisseur » s’est infiltré au sein de sa population. Et il pourrait bientôt troubler leur paisible quotidien !
Commentaire du Premier Jury :
On retrouve dans ce dernier titre d’Inio Asano la folie, la rupture des codes permanentes, les seconds degrés de lecture et la narration déstructurée qui caractérisent les œuvres de l’auteur. En utilisant le prétexte d’une invasion extra-terrestre, l’auteur livre un portrait sans concession du japon post Fukushima, avec un trait plus riche et maîtrisé que jamais.
Le texte très bavard est parfaitement adapté, surtout dans les niveaux de langage des jeunes personnages qui sont cohérents avec leurs âges, sans toutefois en faire trop et verser dans le familier excessif ou les effets de francisation à outrance. La fantaisie, l’intelligence et le décalage du personnage d’Ôran sont notamment très bien retranscrits.
Pa Ming Chiu
Commentaire du traducteur :
Travailler sur la traduction de DDDDD revient nécessairement à se poser la question de la distance à prendre avec le texte. Le curseur de l’adaptation, plus ou moins poussé, revêt une importance capitale dans cette histoire où les protagonistes peuvent s’exprimer dans un langage particulièrement emprunté aux jeux vidéo, aux réseaux sociaux japonais et à leurs codes. La bande de Kadode et Ôran a indéniablement un gros grain de folie qu’il faut parvenir à préserver, sans pour autant faire fuir les lecteurs. Une folie douce !
Thibaud Desbief
OTAKU OTAKU
Titre : OTAKU OTAKU
Titre japonais: ヲタクに恋は難しい
Auteur : Fujita ふじた
Traducteur : Aline Kukor
Editeur : Kana
Genre : Josei
Nombre de volumes : 3
Résumé :
Narumi et Hirotaka travaillent dans la même société. Ce sont tous deux des otaku. Ils ont chacun une passion dévorante pas toujours évidente à faire entendre aux autres. Peut-elle même être compatible avec une relation amoureuse ? Comprendre l’autre, l’accepter tel qu’il est, se montrer tel qu’on est vraiment…
Commentaire du Premier Jury :
« Otaku Otaku » est un josei où chaque lecteur peut se reconnaître en se basant sur ses propres références otaku. Si le lecteur joue aux jeux vidéo, il s’identifiera immédiatement aux personnages. Malgré quelques clichés sur les otaku, on passe un très bon moment de détente car l’humour est bien présent.
La traduction a parfaitement su s’adapter à la culture otaku en trouvant les bonnes références (jeux vidéo, animés…) pour toucher un maximum de lecteurs. Les références japonaises sont accompagnées d’explications afin de faciliter la compréhension du lecteur occidental.
Sylvie Blas-Ameuw
Commentaire de la traductrice :
Quand on m’a proposé de travailler sur ce titre, j’étais aux anges. Mais l’excitation a rapidement fait place à l’appréhension. Cette série regorge de références souvent difficiles à repérer. Leur traduction et adaptation s’avère parfois délicate étant donné que les œuvres ou émissions télé d’où elles proviennent ne sont pas forcément connues chez nous. J’ai très vite compris que la tâche serait complexe et qu’il me faudrait faire de nombreuses recherches malgré mes connaissances en culture geek.
Me glisser dans la peau de ces personnages, très différents malgré leur « otaku-attitude », m’a fait revivre bon nombre de situations auxquelles tout otaku qui se respecte a déjà été confronté. J’ai pris énormément de plaisir à (re)découvrir cette culture sous toutes ses formes et depuis différents points de vue.
Aline Kukor
LA MAISON DU SOLEIL
Titre : LA MAISON DU SOLEIL
Titre japonais: たいようのいえ
Auteur : Taamo
Traducteur : Claire Olivier
Editeur : Pika
Genre : Shôjo
Nombre de volumes : 11
Résumé :
Petite, Mao passait ses journées dans la famille d’Hiro, son voisin d’en face. La vie y était joyeuse et insouciante et comblait le vide qui était en elle.
Plusieurs années ont passé… Le père de Mao s’est remarié et la jeune fille se sent étrangère sous son propre toit. Hiro, lui, vit seul dans la maison familiale depuis le décès de ses parents. Il propose alors à Mao d’emménager chez lui…
Commentaire du Premier Jury :
« La Maison du Soleil » est un shojo très doux sur des thèmes d’actualité (divorce, famille recomposée) avec des personnages attachants. L’humour est bien présent même si certaines scènes sont tristes mais ce sont surtout les moments de joies que l’on retient. Des flashbacks sur l’enfance des personnages permettent de mieux comprendre leur relation. Leurs sentiments évoluent au fil des tomes et c’est avec plaisir que nous les voyons avancer vers l’avenir.
La traduction de Claire Olivier parvient à trouver les mots qui font ressortir les diverses émotions des personnages. Pour certaines scènes familiales, cela ne devait pas être évident à cause de l’incompréhension entre un père et sa fille.
Sylvie Blas-Ameuw
Commentaire de la traductrice :
Ce que je retiens de « La Maison du Soleil », c’est la fraîcheur avec laquelle ce manga traite de la situation dramatique des deux héros, Hiro et Mao. Le premier vit seul, séparé de son frère et de sa sœur depuis la mort de ses parents, et cherche à reconstruire sa famille. Tandis que l’autre ne se sent plus à sa place chez elle et s’éloigne volontairement de son foyer. C’est également la légèreté avec laquelle, il aborde un sujet qui peut causer polémique : l’amour entre un jeune salarié de 24 ans et une lycéenne de 17 ans. Le plus important dans mon travail de traduction a été de retranscrire cette fraîcheur et cette légèreté, en adoptant un ton simple, le plus naturel possible, afin d’immerger au mieux le lecteur dans cette histoire attachante.
Claire Olivier
TO YOUR ETERNITY
Titre : TO YOUR ETERNITY
Titre japonais: 不滅のあなたへ
Auteur : Yoshitoki Oima
Traducteur : Thibaud Desbief
Editeur : Pika
Genre : Shonen
Nombre de volumes : 7
Résumé :
C’est à l’épreuve de la réalité que je saurai ce que je suis… Voilà pourquoi mon voyage commence.”
Un être immortel a été envoyé sur Terre. Il rencontre d’abord un loup puis un jeune garçon vivant seul au milieu d’un paysage enneigé. Ainsi commence le voyage de l’Immortel, un voyage fait d’expériences et de rencontres dans un monde implacable…
Commentaire du Premier Jury :
La particularité de « To your eternity » tient dans la complexité de son personnage principale : Imm. Tour à tour, végétal, minéral, humain, animal. Tenant compte de cette particularité la traduction se doit d’être très nuancée. Chaque créature rencontré, chaque expérience d’Imm le/la construit et lui apporte une nouvelle palette d’émotions et le vocabulaire découlant de ces émotions. Chaque mot est donc à choisir de manière subtile et la traduction française a su garder cette spécificité. Le ton est toujours juste, fin ,et transporte le lecteur parfois jusqu’à un certain onirisme. Un travail intelligent de traduction tout autant que d’adaptation.
Florence Torta
Commentaire du traducteur :
« To Your Eternity » est à mes yeux un manga taillé pour les superlatifs : le shônen le plus original de la décennie, le plus imprévisible, le plus subtil, le plus attachant, et finalement, tellement à l’image de son auteur. C’est l’œuvre unique d’une jeune femme unique. Un « shônen d’auteur », ce n’est pas rien ! Les enjeux de la traduction du manga sont clairs : préserver la sensibilité et la fluidité du texte original, s’adapter à chacun des très nombreux personnages, et surtout, parvenir à faire évoluer progressivement le langage d’Imm, personnage principal immortel qui gagne très progressivement en maturité intellectuelle. Subtil, donc. Par ailleurs, son format de publication hebdomadaire simultanée avec le Japon place ce manga au cœur d’un travail d’équipe fabuleusement stimulant !
Thibaud Desbief
Edition 2019
Les nommés
GOOD MORNING, LITTLE BRIAR-ROSE
Titre : Good Morning, Little Briar-Rose
Titre japonais: おはよう、いばら姫
Auteur : Megumi Morino
Traducteur : Miyako Slocombe
Editeur : Akata
Genre : Shôjo
Nombre de volumes : 6
Résumé :
Parce qu’il souhaite prouver à son père qu’il pourra arrêter ses études à la sortie du lycée, le jeune Tetsu a commencé à travailler comme employé de maison pour la prestigieuse famille Karasawa. à la demeure surnommée « la maison au sommet de la colline », le lycéen se doit de respecter une seule règle : ne pas surtout pas s’approcher de la petite annexe du jardin, dans laquelle réside cloîtrée la jeune fille malade de la famille Karasawa. Pourtant, un jour, son regard croisera celui de la mystérieuse Shizu. Aussitôt attiré par son sourire empli de tristesse, Tetsu se permet alors de braver l’interdit… Il ne s’imagine pas encore les nombreux secrets qui entourent la jeune fille. Qui est-elle vraiment ?
Commentaire du Premier Jury :
Shôjo labyrinthique, « Good Morning Little Briar-Rose » a pour héroïne une jeune femme pétrie de contradictions et qui glisse, sans prévenir, d’une personnalité à une autre. Ce jeu de rôle(s) permanent appelait un travail de traduction sachant jongler avec des niveaux de langage, une syntaxe et des intonations très différentes. Cela avec d’autant plus de subtilité que ces nombreuses personnalités ne sont jamais grandiloquentes. Défi relevé « haut-la-plume » par la traductrice, Miyako Slocombe, qui en français a su donner une voix distincte à chacune, avec un sens certain du dialogue. Son travail offre de plus un texte vivant, précis et d’une fluidité absolument remarquable à l’ensemble de cette œuvre.
Laurent Lefebvre
Commentaire de la traductrice :
« Good Morning, Little Briar-Rose » démarre comme une histoire sentimentale classique mais très vite, il nous emmène dans une direction complètement inattendue. J’ai été impressionnée par le talent de l’autrice, qui signe ici sa première série. Une des caractéristiques de l’œuvre est qu’on a affaire à un personnage doté de plusieurs personnalités, identifiables par leur manière de s’exprimer. Si en japonais, il existe toutes sortes de façons de dire « je » et des particules permettant d’indiquer le sexe ou la tranche d’âge du locuteur, il n’y a pas d’équivalent exact en français et il a fallu compenser par un langage et un choix de vocabulaire précis propre à chaque personnalité, sans tomber dans la caricature pour autant. Un défi stimulant que j’ai relevé avec plaisir, tant les personnages de ce manga sont attachants.
Miyako Slocombe
THE PROMISED NEVERLAND
Titre : The promised neverland
Titre japonais: 約束のネバーランド
Auteur : Posuka Demizu, Kaiu Shirai
Traducteur : Sylvain Chollet
Editeur : Kaze
Genre : Shônen
Nombre de volumes : 4
Résumé :
Emma, Norman et Ray coulent des jours heureux à l’orphelinat Grace Field House. Entourés de leurs petits frères et sœurs, ils s’épanouissent sous l’attention pleine de tendresse de “Maman”, qu’ils considèrent comme leur véritable mère. Mais tout bascule le soir où ils découvrent l’abominable réalité qui se cache derrière la façade de leur vie paisible ! Ils doivent s’échapper, c’est une question de vie ou de mort !
Commentaire du Premier Jury :
Bienvenue à Grace Field House. L’histoire nous entraine dans le quotidien d’Emma et de ses camarades qui vivent tous dans un curieux orphelinat. Une seule règle à suivre : interdiction de sortir de l’enceinte de l’établissement. Tout bascule un soir où ils découvrent la sombre vérité de cet orphelinat.
La traduction particulièrement soignée et pertinente dépeint habillement la naïveté des enfants dans ce monde impitoyable et fantastique. Le scénario si prenant de ce best-seller a été extrêmement soigné, dans le choix des mots et des émotions notamment, ce qui rend la lecture de cette œuvre agréable et très addictive.
Jérome Marcot
Commentaire du traducteur:
Travailler sur un titre comme «The Promised Neverland » est un rêve pour tout traducteur. Un ovni dans le monde du shônen qui marque les esprits dès son premier épisode, et offre un plaisir de lecture tel qu’il s’impose immédiatement comme un incontournable, et dont on pressent qu’il acquerra le statut de classique. Dans cette série où chaque action de chaque personnage a une vraie importance, la principale difficulté de la traduction est de rendre fidèlement toutes les informations qui foisonnent, chacune étant susceptible d’être la clé de l’un des nombreux mystères pouvant, en quelques pages, bouleverser le cours des événements !
Sylvain Chollet
Zero
Titre : Zero
Titre japonais: Zero
Auteur : Taiyô Matsumoto
Traducteur : Aurélien Estager
Editeur : Pika
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 1
Résumé :
Boxeur professionnel d’un âge avancé, Miyabi Goshima est l’indétrônable champion du monde des poids moyens. Rendu apathique par l’absence d’adversaires à sa hauteur, il défend son titre en enchaînant les victoires sans enthousiasme. C’est alors qu’arrive Travis Bal, un jeune boxeur mexicain dont la réputation prometteuse réveille la rage de vaincre de Goshima. Que reste-t-il à espérer lorsque l’on n’a plus rien à prouver ?
Commentaire du Premier Jury :
On entend la voix de Taiyô Matsumoto en lisant chacun de ses mangas. Cet auteur incomparable utilise un langage qui lui est propre et qui imprègne intensément ses œuvres. La traduction de Zero possède une qualité essentielle : elle ne dénature jamais cette voix et a su adapter en français le langage populaire privilégié par l’auteur pour ce manga. Les « dialectes populo » évoluent vite et en permanence. Il eut été facile de se tromper d’idiome ou bien d’en faire trop. Toutefois, cette version française sonne naturelle d’un bout à l’autre, tout en puisant judicieusement son punch dans un argot propre aux années 90, qui ont vu la publication de cette œuvre au Japon.
Laurent Lefebvre
Commentaire du traducteur :
Parvenir à s’effacer derrière les personnages est sans doute l’un des gages d’une traduction de manga réussie. Mais l’affaire se complique quand on s’efforce de souligner les émotions et les nuances qui émaillent les répliques – ici notamment la rage, la gouaille, le cynisme, la maladresse – au risque d’en faire trop. Malgré tout, quels que soient les résultats de ce travail aussi passionnant que laborieux, la fulgurance du dessin de Taiyô Matsumoto éclipse fort heureusement un texte qui joue davantage un rôle de ponctuation dans ce portrait glaçant d’un homme englouti par la folie.
Aurélien Estager
LA VIRGINITÉ PASSÉ 30 ANS
Titre : La virginité passé 30 ans – souffrances et désirs au quotidien
Titre japonais: 漫画ルポ 中年童貞
Auteur : Toshifumi Sakurai, Atsuhiko Nakamura
Traducteur : Aurélien Estager
Editeur : Akata
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 1
Résumé :
Au Japon, un quart des hommes entre trente et cinquante ans n’aurait jamais eu d’expérience sexuelle, ce qui représente donc plus de 4 millions d’individus… vierges ! Ce sont les vies de huit d’entre eux qui sont mises en scène dans ce manga sociologique. Des vies bien réelles, entre souffrances et désirs, espoir et fierté, honte et humiliations publiques… Avec un regard bizarrement tendre et sans jugement, mais aussi très acerbe sur la société, Sakuraichi nous dévoile leur intimité, dénonçant du même coup toute l’hypocrisie du système. Un système qui use les individus, les tue à petit feu. Malgré des situations humainement inacceptables, les auteurs se refusent à tout compromis, et nous offrent une vision sans fard d’un Japon bien réel. Victimes et bourreaux à la fois, les « puceaux tardifs » décrits dans ce recueil ne sont-ils pas, après tout, que le résultat des dérives d’une société trop déshumanisée ?
Commentaire du Premier Jury :
Ouvrage curieux, à la fois malaisant et amusant, « la Virginité passé 30 ans » ne se moque jamais de ses protagonistes car il est capable de faire cohabiter un grand nombre de voix différentes sans que jamais l’une d’elle ne semble supérieure aux autres. Ainsi la traduction fait cohabiter le plus naturellement du monde divers niveaux de langage: le détachement froid du regard quasi sociologique posé par les récitatifs (où transpire aussi la voix d’un narrateur omniscient), la trivialité de types frustrés, suants et irritables, le côté sentencieux des posts de forums internet ou le langage plus sirupeux d’une lettre manuscrite écrite par un type au vocabulaire un peu limité. Le tout en ayant régulièrement à gérer des références à la culture japonaise (populaire ou faits divers). La traduction est si bonne qu’au troisième chapitre, lorsqu’il est nécessaire d’expliquer le terme “netto uyoku”, on ne saurait dire ce qui tient de l’adaptation du texte original sur la parenthèse relative à la fachosphère japonaise.
Marius Chapuis
Commentaire du traducteur :
Le texte de « La Virginité passé 30 ans » est très dense en informations, et repose souvent sur des phrases à rallonge qu’il a fallu diviser en blocs plus digestes, voire parfois réordonner légèrement pour que le propos reste clair en français. Par ailleurs, le sujet même du livre a rendu sa traduction quelque peu éprouvante. Car au-delà du thème de la virginité tardive, Atsuhiko Nakamura brosse le portrait d’individus conduits par leur environnement social et familial à se replier sur eux-mêmes, et dont la souffrance résonne de manière tristement universelle.
Aurélien Estager
CHARIVARI !
Titre : Charivari ! (œuvres de Maki Sasaki 1967-1981 )
Titre japonais: うみべのまち
Auteur : Maki Sasaki
Traducteur : Léopold Dahan
Editeur : Le lézard noir
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 1
Résumé :
Cette anthologie présente pour la première fois au public français un des plus grands noms de l’avant-garde de la bande dessinée japonaise, Maki Sasaki. Des patchworks graphiques imprévisibles de ses débuts à ses adaptations des poètes du non-sens anglais, des impromptus absurdes pour la presse aux saynètes surréalistes qui suivent dans le magazine alternatif culte Garo, tous les mangas réunis dans cette anthologie confirment que Maki Sasaki est bien l’un des auteurs les plus audacieux et modernes que compte l’histoire de la bande dessinée japonaise.
Commentaire du Premier Jury :
Une expérience unique, sorte de trip protéiforme qui demande un abandon de ses réflexes de lecture et propulse le lecteur dans une « zone » absolument unique. Cette liberté, cette poésie, cette musicalité, bref, ce chaos pop, tout cela est saisi dans une traduction énergique qui retranscrit la folie surréaliste de Sasaki.
Fausto Fasulo
Commentaire du traducteur :
Face à un corpus aussi bariolé et inclassable que celui de « Charivari ! », j’ai vite réalisé qu’il allait falloir déconstruire ma méthode habituelle pour me lancer dans des traductions, aux exigences parfois radicalement différentes d’une œuvre à l’autre. Pour certaines, je me suis parfois concentré sur les jeux de résonnances graphiques et sonores, quand pour d’autres, je me suis au contraire agrippé à l’hermétisme du texte comme à un fil d’Ariane, souvent forcé de jouer les funambules pour essayer de trouver un fragile équilibre entre ces deux approches. Arrivé au terme de ce voyage mouvementé, je ne peux qu’espérer que le public français apprécie et continue de faire de nouvelles découvertes à chaque fois qu’il se plongera dans l’incroyable richesse de cet univers, comme je le fais sans me lasser à chaque nouvelle lecture.
Léopold Dahan
BLUE GIANT
Titre : Blue Giant
Titre japonais: Blue Giant
Auteur : Shinichi Ishizuka
Traducteur : Anne-Sophie Thévenon
Editeur : Glénat
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 4
Résumé :
Dai Miyamoto est en terminale. Il fait partie de l’équipe de basket, travaille à mi-temps dans une station service, et vit seul avec son père et sa petite sœur. Surtout, il s’est pris de passion pour le jazz depuis le collège. À tel point qu’il joue tous les jours sur les berges de la rivière, peu importe les conditions météo. Qu’il pleuve, qu’il vente ou que la canicule soit au rendez-vous, il joue. Il veut être un géant du jazz et reste persuadé qu’il peut y arriver. Seulement, pour cela, il va devoir se confronter à la réalité : entre les explications aux amis, les premières représentations chaotiques et les rencontres diverses, la détermination de Dai va être mise à rude épreuve…
Commentaire du Premier Jury :
Entre tranches de vie et musique, le quotidien de Dai Miyamoto est invariablement rythmé par son ivresse pour le jazz. En parallèle de sa vie de lycéen, il s’attèle à l’apprentissage et la pratique acharnée du saxophone. Avec naturel et subtilité, la traduction renforce toute l’humanité et le positivisme dont regorge « Blue Giant ». La justesse et la fluidité des dialogues rendent la série et ses personnages particulièrement attachants. L’empathie envers Dai et l’émotion qu’il transmet nourrissent une affection grandissante pour ce virtuose. On a rarement ressenti autant de puissance et de passion pour la musique que dans ce manga. Une lecture généreuse, bienveillante et sensitivement précieuse.
Rémi Inghilterra
Commentaire du traducteur :
La traduction de « Blue Giant » est un défi pour moi qui n’ai jamais étudié le solfège ni joué d’un instrument ; je me suis très vite rendue compte en me documentant que la musique est une langue à part entière. Cependant, au-delà des gammes et autres accords, l’auteur Shinichi Ishizuka réussit avant tout son pari de « dessiner le jazz » grâce à un autre langage, celui de l’émotion. Il se sert de tranches de vie toutes simples mais qui, de ce fait, plongent au cœur du Japon le plus typique, celui de la classe moyenne et d’identités régionales marquées. C’est passionnant de retranscrire à la fois toute la singularité de ce pays et une émotion qui doit garder son caractère universel pour que, à l’égal de sa version japonaise, cette chronique douce-amère touche les lecteurs au cœur comme un morceau de jazz.
Anne-Sophie Thévenon
DEAD DEAD DEMON’S DEDEDEDE DESTRUCTION
Titre : Dead Dead Demon’s Dededede Destruction
Titre japonais: デッドデッドデーモンズデデデデ デストラクション
Auteur : Inio Asano
Traducteur : Thibaud Desbief
Editeur : Kana
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 6
Résumé :
Depuis 3 ans, le ciel de Tokyo est recouvert par un gigantesque vaisseau spatial extra-terrestre. Pourtant, aucune attaque de la part des extra-terrestres n’est recensée bien que les humains abattent, avec une facilité déconcertante, les petits vaisseaux qui sortent de temps en temps du ventre de l’immense engin…
Pendant ce temps, sur Terre, les deux amies Kadode et Ôran, comme la majorité des humains, ne prêtent plus attention à ce vaisseau et continuent à vivre leur vie. Mais ces 3 années de paix ont endormi la vigilance de l’Humanité… Elle ne remarque pas que « l’envahisseur » s’est infiltré au sein de sa population. Et il pourrait bientôt troubler leur paisible quotidien !
Commentaire du Premier Jury :
On retrouve dans ce dernier titre d’Inio Asano la folie, la rupture des codes permanentes, les seconds degrés de lecture et la narration déstructurée qui caractérisent les œuvres de l’auteur. En utilisant le prétexte d’une invasion extra-terrestre, l’auteur livre un portrait sans concession du japon post Fukushima, avec un trait plus riche et maîtrisé que jamais.
Le texte très bavard est parfaitement adapté, surtout dans les niveaux de langage des jeunes personnages qui sont cohérents avec leurs âges, sans toutefois en faire trop et verser dans le familier excessif ou les effets de francisation à outrance. La fantaisie, l’intelligence et le décalage du personnage d’Ôran sont notamment très bien retranscrits.
Pa Ming Chiu
Commentaire du traducteur :
Travailler sur la traduction de DDDDD revient nécessairement à se poser la question de la distance à prendre avec le texte. Le curseur de l’adaptation, plus ou moins poussé, revêt une importance capitale dans cette histoire où les protagonistes peuvent s’exprimer dans un langage particulièrement emprunté aux jeux vidéo, aux réseaux sociaux japonais et à leurs codes. La bande de Kadode et Ôran a indéniablement un gros grain de folie qu’il faut parvenir à préserver, sans pour autant faire fuir les lecteurs. Une folie douce !
Thibaud Desbief
OTAKU OTAKU
Titre : OTAKU OTAKU
Titre japonais: ヲタクに恋は難しい
Auteur : Fujita ふじた
Traducteur : Aline Kukor
Editeur : Kana
Genre : Josei
Nombre de volumes : 3
Résumé :
Narumi et Hirotaka travaillent dans la même société. Ce sont tous deux des otaku. Ils ont chacun une passion dévorante pas toujours évidente à faire entendre aux autres. Peut-elle même être compatible avec une relation amoureuse ? Comprendre l’autre, l’accepter tel qu’il est, se montrer tel qu’on est vraiment…
Commentaire du Premier Jury :
« Otaku Otaku » est un josei où chaque lecteur peut se reconnaître en se basant sur ses propres références otaku. Si le lecteur joue aux jeux vidéo, il s’identifiera immédiatement aux personnages. Malgré quelques clichés sur les otaku, on passe un très bon moment de détente car l’humour est bien présent.
La traduction a parfaitement su s’adapter à la culture otaku en trouvant les bonnes références (jeux vidéo, animés…) pour toucher un maximum de lecteurs. Les références japonaises sont accompagnées d’explications afin de faciliter la compréhension du lecteur occidental.
Sylvie Blas-Ameuw
Commentaire de la traductrice :
Quand on m’a proposé de travailler sur ce titre, j’étais aux anges. Mais l’excitation a rapidement fait place à l’appréhension. Cette série regorge de références souvent difficiles à repérer. Leur traduction et adaptation s’avère parfois délicate étant donné que les œuvres ou émissions télé d’où elles proviennent ne sont pas forcément connues chez nous. J’ai très vite compris que la tâche serait complexe et qu’il me faudrait faire de nombreuses recherches malgré mes connaissances en culture geek.
Me glisser dans la peau de ces personnages, très différents malgré leur « otaku-attitude », m’a fait revivre bon nombre de situations auxquelles tout otaku qui se respecte a déjà été confronté. J’ai pris énormément de plaisir à (re)découvrir cette culture sous toutes ses formes et depuis différents points de vue.
Aline Kukor
LA MAISON DU SOLEIL
Titre : LA MAISON DU SOLEIL
Titre japonais: たいようのいえ
Auteur : Taamo
Traducteur : Claire Olivier
Editeur : Pika
Genre : Shôjo
Nombre de volumes : 11
Résumé :
Petite, Mao passait ses journées dans la famille d’Hiro, son voisin d’en face. La vie y était joyeuse et insouciante et comblait le vide qui était en elle.
Plusieurs années ont passé… Le père de Mao s’est remarié et la jeune fille se sent étrangère sous son propre toit. Hiro, lui, vit seul dans la maison familiale depuis le décès de ses parents. Il propose alors à Mao d’emménager chez lui…
Commentaire du Premier Jury :
« La Maison du Soleil » est un shojo très doux sur des thèmes d’actualité (divorce, famille recomposée) avec des personnages attachants. L’humour est bien présent même si certaines scènes sont tristes mais ce sont surtout les moments de joies que l’on retient. Des flashbacks sur l’enfance des personnages permettent de mieux comprendre leur relation. Leurs sentiments évoluent au fil des tomes et c’est avec plaisir que nous les voyons avancer vers l’avenir.
La traduction de Claire Olivier parvient à trouver les mots qui font ressortir les diverses émotions des personnages. Pour certaines scènes familiales, cela ne devait pas être évident à cause de l’incompréhension entre un père et sa fille.
Sylvie Blas-Ameuw
Commentaire de la traductrice :
Ce que je retiens de « La Maison du Soleil », c’est la fraîcheur avec laquelle ce manga traite de la situation dramatique des deux héros, Hiro et Mao. Le premier vit seul, séparé de son frère et de sa sœur depuis la mort de ses parents, et cherche à reconstruire sa famille. Tandis que l’autre ne se sent plus à sa place chez elle et s’éloigne volontairement de son foyer. C’est également la légèreté avec laquelle, il aborde un sujet qui peut causer polémique : l’amour entre un jeune salarié de 24 ans et une lycéenne de 17 ans. Le plus important dans mon travail de traduction a été de retranscrire cette fraîcheur et cette légèreté, en adoptant un ton simple, le plus naturel possible, afin d’immerger au mieux le lecteur dans cette histoire attachante.
Claire Olivier
TO YOUR ETERNITY
Titre : TO YOUR ETERNITY
Titre japonais: 不滅のあなたへ
Auteur : Yoshitoki Oima
Traducteur : Thibaud Desbief
Editeur : Pika
Genre : Shonen
Nombre de volumes : 7
Résumé :
C’est à l’épreuve de la réalité que je saurai ce que je suis… Voilà pourquoi mon voyage commence.”
Un être immortel a été envoyé sur Terre. Il rencontre d’abord un loup puis un jeune garçon vivant seul au milieu d’un paysage enneigé. Ainsi commence le voyage de l’Immortel, un voyage fait d’expériences et de rencontres dans un monde implacable…
Commentaire du Premier Jury :
La particularité de « To your eternity » tient dans la complexité de son personnage principale : Imm. Tour à tour, végétal, minéral, humain, animal. Tenant compte de cette particularité la traduction se doit d’être très nuancée. Chaque créature rencontré, chaque expérience d’Imm le/la construit et lui apporte une nouvelle palette d’émotions et le vocabulaire découlant de ces émotions. Chaque mot est donc à choisir de manière subtile et la traduction française a su garder cette spécificité. Le ton est toujours juste, fin ,et transporte le lecteur parfois jusqu’à un certain onirisme. Un travail intelligent de traduction tout autant que d’adaptation.
Florence Torta
Commentaire du traducteur :
« To Your Eternity » est à mes yeux un manga taillé pour les superlatifs : le shônen le plus original de la décennie, le plus imprévisible, le plus subtil, le plus attachant, et finalement, tellement à l’image de son auteur. C’est l’œuvre unique d’une jeune femme unique. Un « shônen d’auteur », ce n’est pas rien ! Les enjeux de la traduction du manga sont clairs : préserver la sensibilité et la fluidité du texte original, s’adapter à chacun des très nombreux personnages, et surtout, parvenir à faire évoluer progressivement le langage d’Imm, personnage principal immortel qui gagne très progressivement en maturité intellectuelle. Subtil, donc. Par ailleurs, son format de publication hebdomadaire simultanée avec le Japon place ce manga au cœur d’un travail d’équipe fabuleusement stimulant !
Thibaud Desbief