Titre : ENTRE LES LIGNES
Titre japonais: 違国日記
Auteure : Tomoko Yamashita
Traduction : Pascale Simon
Editeur : Kana
Genre : josei
Nombre de volumes : 8
Résumé :
À 15 ans, Asa perd ses parents dans un accident de voiture. Elle est recueillie par sa tante Makio, 35 ans, sœur cadette de sa mère. Makio est autrice de romans pour adolescentes, mais elle vit plutôt en recluse, car elle n’est pas à l’aise en société. L’arrivée d’Asa va bouleverser la vie des deux femmes.
Asa découvre soudain le monde hors de son cocon familial et n’est pas habituée à quelqu’un comme sa tante, qui lui parle avec autant de franchise, quoique souvent avec maladresse. Makio, de son côté, n’est pas familière d’une cohabitation avec quelqu’un à qui il faut montrer la voie.
Chacune va ainsi devoir faire un travail sur soi. L’une pour faire le deuil de ses parents disparus trop soudainement et s’ouvrir au monde. L’autre pour accepter la présence d’une autre personne dans son quotidien et approfondir la question du sens de la famille et des liens qu’elle induit et des sentiments qui s’y rattachent.
Commentaire du Premier Jury :
L’économie de mots est au cœur de l’écriture de ce double portrait de femmes, réunies dans un même appartement à l’issue de circonstances tragiques. Makio et Asa n’ont que les liens du sang en commun et Tomoko Yamashita a bâti son manga sur le contraste entre deux personnalités, deux mondes intérieurs.
Un personnage tel que Makio, romancière trentenaire et solitaire, incarnait un vrai défi de traduction – personnalité ombrageuse et peu sociable, elle parle tantôt difficilement, tantôt avec une franchise âpre, au mépris des conventions sociales… sans non plus être insensible.
Pascale Simon a trouvé les mots et les tournures de phrase pour étayer et nuancer ce portrait en français, sans négliger les failles dans la carapace de Makio. En parallèle, pour exprimer l’immense vide intérieur où Asa est happée depuis la mort de ses parents, sa traduction joue sur un tout autre registre, marqué par la fragilité de l’adolescence, la confusion et l’incapacité à cerner ses sentiments. Avec précision et délicatesse, Pascale Simon transmet ainsi le propos de l’autrice : « Ce que tu éprouves n’appartient qu’à toi ».
Laurent Lefebvre (journaliste)
Commentaire de la traductrice :
Travailler sur cette série a constitué, entre autres, une réflexion sur ce qu’est la réalité d’un auteur : comment accéder à la justesse de la phrase, comment trouver sa voix, sa vérité, et l’exprimer sans se trahir ou se laisser tenter par les effets de style ? Ces questions ont guidé ma traduction. Le questionnement de Makio, l’auteure, sur son travail, fait écho aux questionnements d’Asa, l’adolescente, qui va progressivement accéder à une forme d’apaisement et trouver sa vérité.
La recherche de la justesse de la phrase dans la traduction était donc d’autant plus importante, et elle m’a parfois obligée à sabrer dans mon texte.
D’un autre côté, il fallait rendre compte de la légèreté (de la futilité ?) des conversations à bâtons rompus, émaillées de petits riens qui en constituent le sel : remarques spirituelles ou ironiques, apartés, néologismes et vocabulaire éphémère emprunté à la langue des adolescents ou au jargon des forums sur Internet.
Autant certains passages sont profonds, voire sombres, et nécessitent une sobriété dans l’écriture, autant d’autres sont légers, exubérants, et requièrent une fantaisie équivalente dans la traduction. L’œuvre oscille entre ces deux pôles et je me suis appliquée à respecter cette alternance.
Pascale Simon