« Dai Dark », traduction Sylvain Chollet, Grand Prix 2023 du Prix Konishi pour la traduction de manga en français

Pour la sixième édition du Prix Konishi pour la traduction de manga en français, le Grand Prix est décerné à Dai Dark de Q Hayashida, traduction de Sylvain Chollet, éditions Soleil Manga.

Le lauréat

DAI DARK

Lauréat Édition 2023

Titre : Dai Dark
Titre japonais: 大ダーク
Auteure : Q Hayashida
Traduction : Sylvain Chollet
Editeur : Soleil Manga
Genre : seinen
Nombre de volumes : 3

Résumé :
Dans la noirceur de l’espace infini, un jeune homme aux os magiques voyage avec son fidèle Sakadoh pour tenter d’échapper aux parias de l’univers qui veulent lui faire la peau !
Sanko Zaha, un ado qui adore les spaghettis, voyage dans les ténèbres de l’espace infini. On raconte que ses os exauceraient n’importe quel souhait. C’est pourquoi les pires malfrats de l’univers veulent lui faire la peau ! Heureusement, toujours accompagné d’Avakian, son fidèle compère, il n’hésitera pas à désosser gaiement tous ses assaillants.

Commentaire du Premier Jury :
Un chaudron ardent dans lequel Q Hayashida concocte quelques recettes baroques. Pour décrypter le geste, Sylvain Chollet agglomère, mélange, invente, et figure les inventions extravagantes de l’autrice à travers une traduction qui parvient à rendre tangible des concepts formidablement toqués.
Fausto Fasulo (journaliste)

Commentaire du traducteur :
Quel immense plaisir de retrouver Q Hayashida avec ce space opera unique en son genre qu’elle seule pouvait imaginer! Je m’efforce, évidemment, de restituer au mieux le ton décalé de cet univers loufoque où terreur rime avec bonne humeur, tout en décryptant les nombreux jeux de mots et termes spécifiques qui constellent le vaste et délirant cosmos que Sanko et sa bande semblent bien décidés à explorer en long, en large et en travers!
Sylvain Chollet

Commentaire du Grand Jury:
La sélection des dix titres nommés cette année au Prix Konishi de la traduction de manga montre une nouvelle fois la richesse de l’offre de manga en France aujourd’hui ainsi que la diversité des défis de traduction que doivent relever les traductrices et les traducteurs.

Au sein de cette sélection, le jury a choisi de distinguer la traduction de Dai Dark, de Q Hayashida, par Sylvain Chollet, pour sa qualité irréprochable, sa fluidité et le naturel de son adaptation : les dialogues sonnent juste, sont naturels et percutants, s’enchaînent avec une grande fluidité et une belle économie de moyens, distillant une légère ironie conforme à l’esprit de l’original, à la frontière entre les récits de formation typiques du shônen manga et les épopées SF plus madrées qui ont fait jadis les beaux jours d’un Métal Hurlant.

Dai Dark est moins bavard et peut-être techniquement moins complexe que d’autres mangas publiés en version française cette année, mais c’est celui dont l’adaptation nous a paru la plus cohérente: ici, nulle structure lexicale plaquée du japonais, nulle surtraduction destinée à amplifier et rendre manifeste tel trait implicite à la langue japonaise ou au genre du manga proposé, nulle inconsistance dans le niveau de langue et l’élocution d’un personnage au fil du volume.

À cette maîtrise constante s’ajoute une inventivité certaine mise au service de l’adaptation. La traduction des noms des personnages, par exemple, révèle des choix réfléchis et justifiés, qui font preuve de loyauté envers le texte japonais en transposant un ensemble de connotations qui resteraient sans cela inaccessibles aux lectrices et aux lecteurs francophones. La traduction du nom “Shimada Death” par “Death Delamort” en est une parfaite illustration, puisqu’elle associe dans les mêmes proportions que l’original bizarrerie et banalité, et signale ainsi qu’il serait bon de ne pas prendre le personnage trop au sérieux. La même attention est présente dans les néologismes inventés par Sylvain Chollet, et jusqu’aux mots croisés de la fin du volume !

La traduction de Sylvain Chollet est un travail de professionnel au sens le plus noble du terme: celui d’un artisan du langage assez sûr de sa compétence pour savoir manoeuvrer, sans forcer, sur la ligne de crête entre rigueur et fantaisie, sans prendre l’ œuvre à la légère, ni “péter plus haut” que son… tugudu (pour reprendre l’une de ses inventions) !

Commentaire de Sylvain Chollet:
Je suis très flatté de recevoir le prix Konishi pour la traduction de manga, et d’autant plus heureux que c’est avec Dai Dark, un titre vraiment pas comme les autres que j’affectionne tout particulièrement.

Ce space opera à la fois gore et bon enfant, imprégné de la patte graphique et scénaristique inimitable de Q Hayashida est aussi plaisant à lire que stimulant à traduire, une certaine dose de fantaisie s’avérant souvent nécessaire pour rendre dans notre langue les concepts insolites sortis de l’imagination débordante de l’autrice. À ma grande joie, l’intrigue s’étoffe de tome en tome, promettant de durer encore un bon moment, et d’être toujours plus riche en rebondissements horrifico-rigolo.

Je tiens à remercier la Fondation Konishi, sa présidente, Mme Chizu Konishi, ainsi que toutes les personnes participant à l’organisation de ce prix qui se donne pour mission de mettre en valeur le métier des traducteurs.
Bien évidemment, je remercie également les éditions Soleil, en particulier Joanna Ardaillon et Iker Bilbao qui, après Dorohedoro, m’ont renouvelé leur confiance pour Dai Dark.

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