LA VIRGINITÉ PASSÉ 30 ANS

Titre : La virginité passé 30 ans – souffrances et désirs au quotidien
Titre japonais: 漫画ルポ 中年童貞 
Auteur : Toshifumi Sakurai, Atsuhiko Nakamura
Traducteur : Aurélien Estager
Editeur : Akata
Genre : Seinen
Nombre de volumes : 1

Résumé :
Au Japon, un quart des hommes entre trente et cinquante ans n’aurait jamais eu d’expérience sexuelle, ce qui représente donc plus de 4 millions d’individus… vierges ! Ce sont les vies de huit d’entre eux qui sont mises en scène dans ce manga sociologique. Des vies bien réelles, entre souffrances et désirs, espoir et fierté, honte et humiliations publiques… Avec un regard bizarrement tendre et sans jugement, mais aussi très acerbe sur la société, Sakuraichi nous dévoile leur intimité, dénonçant du même coup toute l’hypocrisie du système. Un système qui use les individus, les tue à petit feu. Malgré des situations humainement inacceptables, les auteurs se refusent à tout compromis, et nous offrent une vision sans fard d’un Japon bien réel. Victimes et bourreaux à la fois, les « puceaux tardifs » décrits dans ce recueil ne sont-ils pas, après tout, que le résultat des dérives d’une société trop déshumanisée ?

Commentaire du Premier Jury :
Ouvrage curieux, à la fois malaisant et amusant, « la Virginité passé 30 ans » ne se moque jamais de ses protagonistes car il est capable de faire cohabiter un grand nombre de voix différentes sans que jamais l’une d’elle ne semble supérieure aux autres. Ainsi la traduction fait cohabiter le plus naturellement du monde divers niveaux de langage: le détachement froid du regard quasi sociologique posé par les récitatifs (où transpire aussi la voix d’un narrateur omniscient), la trivialité de types frustrés, suants et irritables, le côté sentencieux des posts de forums internet ou le langage plus sirupeux d’une lettre manuscrite écrite par un type au vocabulaire un peu limité. Le tout en ayant régulièrement à gérer des références à la culture japonaise (populaire ou faits divers). La traduction est si bonne qu’au troisième chapitre, lorsqu’il est nécessaire d’expliquer le terme “netto uyoku”, on ne saurait dire ce qui tient de l’adaptation du texte original sur la parenthèse relative à la fachosphère japonaise.
Marius Chapuis

Commentaire du traducteur :
 Le texte de « La Virginité passé 30 ans » est très dense en informations, et repose souvent sur des phrases à rallonge qu’il a fallu diviser en blocs plus digestes, voire parfois réordonner légèrement pour que le propos reste clair en français. Par ailleurs, le sujet même du livre a rendu sa traduction quelque peu éprouvante. Car au-delà du thème de la virginité tardive, Atsuhiko Nakamura brosse le portrait d’individus conduits par leur environnement social et familial à se replier sur eux-mêmes, et dont la souffrance résonne de manière tristement universelle.
Aurélien Estager