« LES SAISONS D’OHGISHIMA » Grand Prix 2025 du Prix Konishi pour la traduction de manga en français

Pour la huitième édition du Prix Konishi pour la traduction de manga en français, le Grand Prix est décerné à “LES SAISONS D’OHGISHIMA” de Kan Takahama, traduction de Yohan Leclerc, publié aux éditions Glénat.

Commentaire du Grand Jury :

Cette année encore, les dix mangas nominés présentent une grande variété de genres et illustrent l’étendue des défis de traduction que relèvent les traductrices et les traducteurs. Au sein de cette sélection de qualité, le jury a choisi de distinguer la traduction de Les saisons d’Ohgishima par Yohan Leclerc. Fluide et vivante, elle cache derrière son aisance apparente une quantité impressionnante de travail et une attention aux détails tout à fait remarquable.

Le manga de Kan Takahama est en effet caractérisé par un système d’énonciation complexe, qui articule plusieurs parlers régionaux, des registres de langue variés en fonction de la classe sociale et un vocabulaire archaïque par endroits. Ajoutons enfin comme dernière difficulté les divers niveaux de maîtrise du japonais par les personnages, dans le contexte multiculturel particulier du quartier de Dejima, à Nagasaki, en 1866, à la veille de la Restauration de Meiji et de l’ouverture du Japon. Yohan Leclerc s’est emparé de cette richesse linguistique pour produire avec brio une traduction qui se lit très facilement sans pour autant sacrifier la complexité narrative. Cette facilité d’approche est aidée par une édition soignée et des parti-pris graphiques et typographiques cohérents, qui contribuent au succès de la traduction.

Au-delà du travail de recherche historique conséquent nécessaire pour un titre tel que celui-ci, la traduction de Yohan Leclerc impressionne par la justesse de ton trouvée pour chaque personnage. Le traitement des parlers régionaux est une difficulté récurrente pour les traducteurs et traductrices de manga, qui demande des stratégies adaptées à chaque œuvre. Ici, le choix de Yohan Leclerc de restituer le caractère du parler du Kyushu par l’emploi d’un vocabulaire pittoresque ou légèrement vieilli est particulièrement réussi. Dans un genre différent, les pages d’éclairage historique placées à la fin des chapitres sont également traduites de façon accessible et attrayante. 

Avec maîtrise et inventivité, Yohan Leclerc parvient à remplir brillamment sa mission de passeur avec cette traduction qui restitue minutieusement une œuvre originale dense sans jamais perdre de vue le plaisir de la lecture.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *